Quest-ce que le chorizo?
L’une de ces pièces de charcuterie que seuls les espagnols et les portugais savent préparer. Salaison dont la couleur est due à l’emploi de pimentón, poudre de poivrons doux ou relevés qui lui donne aussi pour une bonne part sa saveur inimitable.
Mais un « chorizo » dans l’espagnol populaire est aussi bien autre chose. Par la vertu des glissements métonymiques que nous connaissons bien, un aliment a souvent désigné dans l’argot populaire celui qui le consomme, comme emblème de ses goûts (considérés comme peu raffinés ou étranges par ceux qui les donnent).
Depuis quelque temps le chorizo est très tendance en Espagne, pas celui que j’évoque plus ahut, mais un autre type de chorizo, type humain malfaisant, le politicien ou homme d’affaires corrompu. En somme depuis le début de la crise, les chorizos se portent bien. Ils constituent une appellation d’origine contrôlée, ceux qui ont tiré bénéfice de la spéculation éffrenée qui a sévi en Espagne au cours de ces dernières années. Les exemples de la dénonciation de ces corrompus sont légion., « trop de chorizo, pas assez de pain », lisait-on sur une pancarte brandie par un indigné du 15 mai 2011.
http://throughnikaseyes.blogspot.fr/2010/05/chorizos-ibericos.html
Mais « chorizo » n’a pas toujours été égal à corrompu… C’était tout simplement un voleur, de la même famille que « el carterista », le pickpocket. En général ils s’en prenaient au tout venant et , quelquefois, aux banques. Mais visiblement ceuyx qui font les poches du petit peuple en Espagne ce sont les banques, l’inverse n’est plus vrai. La famille de cet emploi argotique est très riche: « choricear », « choriceo », « choricero », « chorizar », et même « chorizada », dernier terme que ne relève pas mon édition du Gran Dicconario del Argot dans son édition de 2000. Pourtant « la chorizada », l’arnaque, est bien connue et employée depuis longtemps.
Dans le Nuevo Diccionario de voces de uso actual, quelques nouveautés:
« Chorizilla », femme facile et « chorizo », flotteur pour jeux de plage…
On trouve également une acception à caractère raciste. Un chorizo (prononcer « chourissou »), pour les catalans de mes jeunes années était un espagnol du sud, un immigré. Vieille tradition raciste qui consiste à affubler l’autre du nom de son mets préféré: morue, melon, frog, etc.
Elle fait irrésistiblement penser à l’argotique chouraver (verbe) :synonyme argotique de voler. Chouraver, choucraver, chourrer, chourer (que nous prononcions toujours « tchourer » quand nous étions gamins, puisqu’on dit qu’il vient d’une variété de la langue tzigane: « tchorav », voler.