Curieux éditorial que celui du journal L’Equipe du lundi 2 juillet…
Comme toujours ce journal « ne fait pas dans la nuance ». Une photo pleine page où les joueurs de l’équipe d’Espagne se congratulent après leur victoire 4-0 contre l’équipe d’Italie. et un mot « GRACIAS! » qui barre cette une. Et un éditorial plutôt curieux par son titre: « Une et indivisible »…
Le texte est de la même eau:
« A travers son équipe, l’Espagne est une et indivisible, portant un message si rare dans le sport moderne: pas de joueur emblématique, pas de sauveur de la patrie, de héros au destin national brillant au milieu d’une escouade de besogneux. Cette Espagne est une idée de collectif, de l’intérêt général et des sacrifices particuliers qu’il impose, … ».
Or si on compare attentivement le drapeau espagnol officiel, le blason ne propose pas autre chose que le Plus Ultra de la Monarchie et pas de Una e indivisible qui figurait bien, en revanche, sur le drapeau espagnol des temps franquistes, mais sous une autre forme, UNA, GRANDE Y LIBRE…
http://www.youtube.com/watch?v=6LoDJrDeYU4

On retrouve la formule dans l’Article 2 des Lois Fondamentales du régime franquiste:
» Art. 2. I. La soberanía nacional es una e indivisible, sin que sea susceptible de delegación ni cesión.
II. El sistema institucional del Estado Español responde a los principios de unidad del poder y coordinación de funciones. »

En 1931, Ramiro Ledesma Ramos, l’un des fondateurs et idéologues du fascisme espagnol titrait l’un de ses articles comme l’éditorialiste de l’Equipe: « España una e indivisible » avec comme sous-titre « El peligro separatista » (La Conquista del Estado, n°14, Madrid, 13 juin 1931)
http://www.filosofia.org/hem/193/lce/lce141a.htm
Pourquoi Fabrice Jouhaud (le signataire de l’éditorial) est allé chercher dans les fonds de la pensée ultraconservatrice ce slogan politique que les espagnols ont soigneusement effacé de leur arsenal emblématique national? Par nostalgie, pour louer cette idée de « collectif » qui fait penser à une autre des formules chères au franquisme, et plus particulièrement à la Phalange, » España es ante todo una unidad de destino en lo universal »?
![16280085[1]](https://i0.wp.com/sergebuj.blog.lemonde.fr/files/2012/07/162800851-253x300.jpg)
Ou alors c’est un trait d’humour qui ne fera pas rire du tout les Espagnols, tant il leur rappelle un passé douloureux.
D’autant que cette équipe (pas le journal, la championne d’Europe) est surnommée la Roja et que Rote Spanier était le nom que les nazis avaient donné aux espagnols qu’ils détenaient à Mathausen, à Dachau, à Buchenwald et dans d’autres camps.
Comme le fut, par exemple José Cabrero Arnal, le dessinateur qui créa le personnage de Pif le Chien.
http://www.stripologie.com/les-ouvrages/79-jose-cabrero-arnal.html
Certes, Monsieur Jouhaud, l’Espagne écrit l’histoire (du foot), mais elle ne joue pas avec ces symboles avec la même perversité.