Ici, à Madrid, le ciel bleu est revenu après la pluie. Un ciel paisible dans la tiédeur d’une fin d’automne agitée. Qu’est-ce qui agite donc l’Espagne ces derniers jours?
Peu de choses… la routine catalane: madame Artadi (rien à voir avec le négociant et producteur de vins d’Alava mais plutôt avec la gentry indépendantiste catalane) qui a trouvé un os à ronger: l’illégitimité de la monarchie… et, plus sérieusement, ‘annonce du pacte budgétaire entre le PSOE et Podemos qui, parmi d’autres mesures, a souhaité voir le salaire minimum passer à 900 euros (bruts). Les cris d’orfraie n’ont pas manqué… Les réactions positives non plus. Dans l’éternel combat entre le capital (celui qui ne vise qu’à accumuler) et le travail, une décision qui souhaite voir mieux se faire le partage des richesses a été salué par quelques chroniqueurs. Je vous joins celui de Raul del Pozo, « Boquera y forrados« , juste un son et un son juste…
Dans Le talon de fer, Jack London fait prononcer à son héros, Ernest Everhard, des mots toujours actuels:
– Vous avez reconnu ce soir, à plusieurs reprises, par vos aveux spontanés ou vos déclarations ignorantes, que vous ne connaissiez pas la classe ouvrière. Je ne vous en blâme pas, car comment pourriez-vous la connaître ? Vous ne vivez pas dans les mêmes localités, vous pâturez dans d’autres prairies avec la classe capitaliste. Et pourquoi agiriez-vous autrement ?
C’est la classe capitaliste qui vous paie, qui vous nourrit, qui vous met sur le dos les habits que vous portez ce soir. En retour vous prêchez à vos patrons les bribes de métaphysique qui leur sont particulièrement agréables, et qu’ils trouvent acceptables parce qu’elles ne menacent pas l’ordre social établi.
Ceux qui protestent devant les augmentations de salaires ou, lorsqu’ils sont au pouvoir ne cessent de les transformer en « coût » qu’il faut réduire devraient y trouver source de réflexion.