Corruption et chorizadas

 

L’information espagnole vit au rythme des scandales financiers. Des scandales liés  à la surchauffe qui pendant de nombreuses années de secteurs ont supposé l’établissement de chaînes corruptrices et corrompues, en particulier dans un secteur qui voyait les prix augmenter à la hausse, le bâtiment. De nombreuses municipalités et maires se sont retrouvées mêlées à des opérations de promotion immobilière peu catholiques, en faisant passer des sols inconstructibles (définis par la loi comme « rústicos ») à celui de zone d’activité puis de zone d’habitation. Depuis une vingtaine d’années les cas et procès se multiplient, à tel point que des brassées de cartes d’Espagne  de la corruption circulent sur le net.

   La dernière affaire, « el caso Gürtel » , est aussi différent que spectaculaire. Elle agite le landerneau politico-médiatique espagnol d’autant plus qu’elle lie deux phénomènes: captation de subventions publiques et financement occulte des partis.

Les soupçons sont d’autant plus fondés que toutes sortes de pressions ont été exercées contre les juges pour étouffer l’affaire qui risquent de mettre en difficulté le Parti Populaire, au pouvoir. Des accusations d’enrichissement personnel, d’enveloppes en liquides distribuées comme autant de petits pains, empoisonnent ce parti, au moment où il impose aux espagnols l’une des cures d’austérité les plus drastiques. Les milliers, dizaines de milliers d’euros qu’auraient touché les cadres du PP ont-ils existé, existent-ils? La justice dira, passera ou ne passera pas.

Pour méditer sur cette image d’un pays noyé par la corruption, avérée ou pas, une citation que le diplomate ancien compagnon de route d’Enrique Tierno Galván, Raúl Morodo, avait mis en exergue de son livre de Mémoires, Atando cabos (Taurus, 2001), citation tirée de Escuela de mandarines  de Miguel Espinosa, essayiste discret dont quelque textes peuvent être lus sur la toile:

http://www.um.es/acehum/principal.htm

 

La voici:

« Todos los hechos son hijos de la corrupción; fuera de ellos reside lo irreal. De la inocencia surge inocencia; de la corrupción, la necesidad. El embozo de la corrupción se llama retórica. Sabedlo para siempre: la corrupción es irremediable. Aprended a corromper y poseeréis la Tierra. Así hablaron los amantes de la Tradición: siempre que se restableció la corrupción, se restauró el Orden. »

Miguel Espinosa (1926-1982)