L’émotion suscitée par les attentats de Paris est très forte en Espagne et à travers le monde. Quatre citoyens espagnols y ont laissé leur vie, au Bataclan et dans l’un des cafés-resaurants du XIème arrondissement, La belle équipe, dont le nom évoque le film éponyme de Julien Duvivier de 1936, u film sur l’échec social en période de Front Populaire, film sombre et ambigu mais imprégné de l’esprit du groupe Octobre et de sa fraternité militante.
Sur ces attentats, une réflexion personnelle. Que manque-t-il donc à la France pour qu’elle se retrouve dans une situation aussi difficile, avec une extrême droite xénophobe puissante, un discours républicain sans contenu mais avec coups de menton d’un côté et, de l’autre, la force sanguinaire? Il y manque des emplois. Des militaires et des policiers, mais pas seulement. Rien dans les politiques menées depuis bientôt quarante ans n’est allé dans ce sens, bien au contraire. Il manque aussi un discours tribunitien, fédérateur de ceux d’en bas qui crée des solidarités dans des milieux vivant dans la précarité, des solidarités pour la conquête des droits et non pour leur disparition. Dans les années cinquante et soixante, au-delà de toute polémique secondaire, les organisations ouvrières, syndicats et partis, représentaient cette force, ce lien puissant qui demandait aux « damnés de la terre » de ne pas baisser les bras. Aujourd’hui, tout ceci a disparu. Et la jeune classe moyenne, particulièrement visée par ces attentats, vient d’en faire cruellement les frais. Comme la jeune classe ouvrière de ce pays en fait les frais depuis des décennies.