Après les élections législatives, le temps de l’analyse autocritique a commencé. Les deux perdants de ce scrutin sont sans conteste Ciudadanos et Unidos podemos. Les pertes du PSOE (qui passe de 90 à 85 sièges, son résultat le plus médiocre depuis 1977) sont relatives puisque ce parti a su éviter le sorpasso, autrement dit de se voir reléguer en troisième position. Son résultat en pourcentage est à peine supérieur à la coalition de gauche (22,6% et 21,1% respectivement) puisque un seul petit point les sépare, ce qui confirme que le réformisme social-libéral est en crise profonde.
Ciudadanos a souffert du vote utile des électeurs de droite et de son alliance de circonstances des premières élections. Comment Ciudadanos pourrait-il engager un processus de soutien au PP dans de telles conditions, à moins de passer pour la future éternelle « force d’appoint » à laquelle tous les centrismes ont été condamnés en Europe depuis des lustres?
L’échec de l’alliance Podemos+Izquierda unida est plus complexe à analyser. Nous avions déjà dit que Podemos, fidèle à son habitude, celle du traitement opportuniste et mécanique du vote, avait senti que le million de voix obtenu en décembre par la gauche pouvait lui permettre de se situer à un niveau de voix l’autorisant, en attirant des électeurs du centre (gauche et droit), à passer devant le PSOE.
Mais la politique n’est pas un jeu de société. La revendication d’une paternité social-démocrate, les appels à la défense de la patrie (concept encore fraîchement connoté par l’usage qu’ne faisait le franquisme, encore vif dans les mémoires) visaient à rassembler cet électorat modéré, indécis, dont la caractéristique majeure est de voter selon un réflexe de peur, peur de l’avenir, peur du changement, peur de perdre. Des peurs irrationnelles, bien sûr, mais qui ont toujours un effet sur les décisions de vote. Par ailleurs, le million d’électeurs d’Izquierda Unida, a, semble-t-il, peu apprécié ces grands écarts constants du disocurs « podemita », les résultats à Madrid et dans les Asturies le confirment.
Et prendre pour modèle programmatique les catalogues d’IKEA n’a pas été d’un meilleur effet, signe ambigu de cynisme politique et d’humour petit-bourgeois. D’autant que les produits IKEA ne sont pas vraiment fiables, semble-t-il.
Il est à craindre que Podemos, dans son incapacité à mener une authentique autocritique qui ne soit pas que cosmétique, revienne à ses vieilles lunes populistes à la Laclau, celle d’une mouvement « ni de gauche, ni de droite », ainsi qu ‘Iglesias l’affirmait il y a à peine deux ans:
« Soy de izquierdas, pero el debate político izquierda-derecha es de trileros ». On se demande finalement qui a joué au bonneteau dans cette affaire.