Elections municipales et régionales en Espagne III

Comme les résultats le laissaient prévoir, ce que nous disions en abordant la question même de l’existence de Podemos se vérifie. La politique électorale est une cuisine (assez souvent nauséabonde) qui suppose, dans une relation aux autres qui n’est que rapport de forces, trois termes: un discours hégémonique, une capacité programmatique et un sens (et même une éthique) des alliances.

Nous sommes aujourd’hui, globalement,au cœur du troisième terme même si les questions de discours et de programme restent présentent, mais sur un mode mineur, celui d’une sorte de bruit de fond.

Pour Podemos, la stratégie est celle du masquage et du discours, stratégie portée par son leader avec un certain brio, une grande habileté. Elle consiste à se féliciter du succès important de son mouvement en annonçant, comme l’ont fait tous les médias, la fin du bipartisme en Espagne, ce qui n’est qu’une expression vide de sens, même si deux partis dominent la politique électorale et institutionnelle depuis trente ans, le PSOE et le PP (AP). Vide de sens parce que l’alternance bipartite est une chose, le bipartisme une autre, mais nous en parlerons une autre fois. Il donne des gages de son engagement anti-droite en appelant à « desbancar » (virer, un jeu de mot qui laisse en suspens la promesse faite de »despepear los bancos ») le PP de ses positions dominantes. Il refuse de négocier une participation à toute coalition avec le PSOE, autrement dit  de gouverner des régions ou communes avec  les socialistes si ces derniers pèsent plus électoralement (exemple de l’Andalousie en panne de gouvernement depuis un mois). Il avance également des conditions a minima de lutte contre la corruption -le sous -entendu implicite étant que le PSOE écarte de ses rangs ses propres corrompus- et promet aux socialistes, s’ils veulent le soutien de Podemos de devoir faire un demi-tour complet (il dit « un giro de 180 grados ») à leur politique. Un demi-tour complet c’est revenir en arrière… On se souvient de la pensée de Pierre Dac: « Un homme a son avenir devant lui, et il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi-tour. » Mais le PSOE devrait donc revenir vers quel moment du passé? 1974, 1936?

Le mode de discours hégémonique est donc toujours présent. Ce n’est que discours, un discours adressé essentiellement aux militants de base de Podemos engagés localement dans de telles négociations, afin qu’ils ne cédent pas (trop) au chant des sirènes socialistes .

Iglesias semble cependant disposé à se mettre sur leur fréquence en indiquant qu’à son avis le PSOE avait changé…  On se demande par quel miracle… En s’en tenant à ce programme, Podemos court le risque de se voir réduire à jamais à un statut de force d’appoint de la gauche réformiste. C’est peut-être le but recherché. C’est ce que l’on peut lire dans le point de vue du sociologue Marco Alagna publié dans Le Monde du 27 mai qui nous dit qu’une partie du travail est fait:

« L’effondrement des néocommunistes d’Izquierda Unida (IU), phagocytés en grande partie par Podemos, semble désormais acquis malgré son récent virage au centre… »

Et c’est ce qui commence à poindre à l’horizon à Valence, par exemple.

Sur le terrain, les opposants à Podemos ne sont pas en reste. A Madrid, comme la règle et l’usage électoral veut que la liste arrivée première aux municipales soit celle qui ait priorité pour constituer un exécutif, c’est la liste d’Espéranza Aguirre qui a la main. Ses marges de manœuvre sont faibles, par conséquent son discours tente de diaboliser la liste Ahora Madrid (ils voudraient installer des soviets partout) pour neutraliser à la fois Ciudadanos et le PSOE et constituer un exécutif minoritaire. A Barcelone, Xavier Trias, tête de liste de CiU et maire sortant propose un pacte de gouvernement à vocation majoritaire à ERC et au PSC (fédération catalane du PSOE) pour isoler la liste arrivée en tête, »Barcelona en Comú »,  soutenue par Podemos et les écolocommunistes. Proposition qui pourrait aboutir compte-tenu de la très faible empreinte nationaliste de cette liste, qui n’est pas son point fort. La réponse de sa figure de proue, Ada Colau , qui devrait pouvoir faire une proposition symétrique aux mêmes partis (ERC et PSC) mais avec une forte empreinte sociale et écologique, est encore naïve parce qu’elle suppose qu’en politique les notions de respect et de loyauté ont droit de cité.

Nous sommes au pays de Machiavel, et, comme on dit en France, pas au pays des Bisounours… Comment dit-on Bisounours en espagnol? Osos amorosos. Je croyais que l’ours était l’animal mascotte de Madrid…

El-Oso-y-el-Madroño

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Elections municipales er régionales en Espagne II

Dans ma page de lundi, je relevais trois éléments relatifs à la percée des organisations anti-partis en Espagne. Nous parlerons du troisième plus tard, le temps de laisser les choses se décanter, les coalitions se faire ou ne pas se faire au sein des nouveaux conseils municipaux et parlements régionaux.

La tête de liste de la coalition madrilène Ahora Madrid,Manuela Carmena, qui talonne la droite pour le gain de la mairie de Madrid est évoquée par un article d’El País, sous forme de jeu de mots et de sens, comme une héritière du  roman de Mikhaïl Aleksandrovitch Cholokhov, Le Don paisible,  « el don apacible »… peut-être pour souligner qu’elle fut communiste et activiste pendant le franquisme mais aussi une personnalité de consensus. Certains médias ont tôt fait de la surnommer  Manuela « la rouge » à cause de ce passé. Il est vrai que les opposants au franquisme dans les années soixante ne se bousculaient pas au portillon et que la seule force à peu près constituée lui résistant était la mouvance communiste, PCE en Espagne et PSUC en Catalogne. Pour aller vite, je dirai que si on était antifranquiste, on se retrouvait soit proche des communistes soit chez eux dans ces années-là. La transition a balayé cette force hégémonique de la clandestinité pour donner leur place à des partis politiques plus conformes au réformisme libéral que l’Europe souhaitait, un parti conservateur à l’anglaise et un Parti Socialiste calquant sa structure et sa politique sur celle de ses soutiens les plus déterminés, le Parti Social-Démocrate allemand (SPD). Tel fut le choix d’une majorité d’espagnols. Manuela Carmena appartient à cette génération oubliée ou dissoute dans les méandres de la politique des partis et son irruption spectaculaire à plus de 70 ans sur le devant de la scène est méritée. Son passé de militante contre la dictature, puis de juge démocrate et anti-corruption témoignent de la fin du conformisme politique en Espagne. Pour combien de temps?

Quand le langage de la sociologie politique reprend la main, on retrouve chez le leader de Podemos des éléments d’analyse qui, s’ils ne deviennent pas des « éléments de langage », n’en constituent pas moins des bases de réflexion sur les choix politiques espagnols selon que celui-ci soit exprimé par des régions en perte de vitesse démographiques, par les zones rurales ou par les zones urbaines hyper-concentrées.  Pablo Iglesias a déclare au soir du scrutin que « les grandes villes montraient la voie, qu’elles étaient le moteur du changement». On peut être d’accord pour penser que l’opposition ville-campagne est restée ce qu’elle a toujours été en Espagne: un vote révolutionnaire ou, plus modestement, de gauche d’une part, un vote réactionnaire ou, plus simplement conservateur, dans les campagnes. Souvenons-nous seulement que c’est à la suite d’élections municipales que la République a été proclamée en 1931. Car, bien que le nombre de conseillers municipaux favorables au maintien de la monarchie eut dépassé largement celui des élus républicains (29.953  contre 8.855), ces derniers étant élus dans les grandes concentrations urbaines, ils représentaient une force démographique plus grande que l’espace rural. L’immense majorité des capitales de province avait voté pour les partis républicains, sauf la zone d’influence carliste (Pampelune, Alava) et la Castille du nord (Burgos). Ces capitales seront humiliées et punies par le franquisme triomphant. Le beau-frère de Franco déclarait en mai 1939 à propos de Madrid, la ville qui ne s’est jamais rendue:

«Hay que hacer un Madrid nuevo, lo que no quiere decir precisamente el gran Madrid en el sentido material y proletario de los Ayuntamientos republicano-socialistas, sino el Madrid con la grandeza moral que corresponde a la España heroica. Trabajen ustedes para que todos podamos acabar con la españolería trágica del Madrid decadente y castizo, aunque hayan de desaparecer la Puerta del Sol y ese edificio de la Gobernación que es caldo de cultivo de los peores gérmenes políticos.»

Inteligentísima interpretación del Madrid futuro, Madrid, ABC, dimanche 21 mai 1939, p. 9.

Elections municipales et régionales en Espagne

Il est difficile de dire ce matin si la percée électorale de Podemos et de Ciudadanos a un sens profond et aura des conséquences dans la structuration électorale des partis politiques en Espagne. Ces deux formations nées du ras-le-bol des classes moyennes devant les effets désastreux des politiques d’austérité menées par le gouvernement du PSOE puis par celui du PP depuis 2008, ont gagné une certaine visibilité sans pour autant conquérir de positions véritablement hégémoniques.

Leur percée rappelle, toutes choses égales par ailleurs, la poussée poujadiste des années cinquante en France, avec son fameux slogan « Sortez les sortants » avec des nuances profondes, il s’agissait de la manifestation de ras-le-bol d’une autre fraction de la classe moyenne, les commerçants et artisans, alors puissante en France et à l’aube d’un déclin social définitif…  avant sa résurgence sous des formes plus politiques sous la bannière du FN qui se présentait aussi et se présente encore comme « anti-système ».

Ciudadanos est plutôt de droite, plutôt hyper-réformiste au sens moderne du terme, autrement dit c’est une formation libérale, favorable à la réduction du poids de l’administration, mais pour le maintien d’une politique sociale, et également et surtout  marquée par une forme de nationalisme unitaire espagnol.

Podemos est né du discours anti-crise des années 2000 en Espagne, de ces mêmes classes moyennes,  plus jeunes et très diplômées. Les accents de son discours sont à dominante anti-capitaliste, menant une critique des banques et du système financier, défendant aussi l’idée d’une juste répartition des richesses et d’ une démocratie participative et réactive.

Les deux partagent le même point de vue critique sur l’état avancé de corruption des professionnels de la politique en Espagne.

Il est difficile d’évaluer leur percée aux municipales qui ont eu lieu ce dimanche 24 mai, pourtant il s’agissait d’un scrutin mobilisant tous les Espagnols sur la totalité du territoire national. En effet, Ciudadanos n’a pas présenté de listes partout et obtient un résultat global de 6, 65% des voix. Podemos a adopté une autre stratégie. Certainement conscients   de la jeunesse de leur organisation,  ses dirigeants ont probablement pensé qu’il serait difficile de poursuivre la campagne tribunicienne de conquête hégémonique de l’espace des idées engagée au cours de ces deux dernières années en se voyant assigné un pourcentage de voix qui figerait à jamais Podemos dans un rôle subalterne. Aussi ont-ils choisi de ne pas se présenter à ces élections sous leurs couleurs mais de se fondre dans des alliances locales à géométrie variable avec les écologistes ou même les communistes locaux. Ce fut le cas à Madrid et Barcelone, avec un certain succès.

Il en a été différemment pour les élections des parlements régionaux qui concernaient toute l’Espagne sauf l’Andalousie, la Catalogne, la Galice et le Pays Basque, quatre régions dont le degré d’‘autonomie est élevé et qui représentent, à elles seules,  près de 45% de la population.

Ces élections se faisant à la proportionnelle de circonscription (chaque province –l’équivalent espagnol de nos départements- en constituant une), Podemos a présenté des listes sous son label dans chacune d’entre elles avec des résultats variables mais significatifs (de 8% en Estrémadure à un peu plus de 20% en Aragon).

Ce sont donc deux percées mais qui ne sont pas suffisantes pour renverser la vapeur politique en Espagne.

D’un point de vue global, le mécanisme du choix électoral reste le même : on sanctionne celui qui gouverne –le PP perd beaucoup de ses positions dominantes-. La différence c’est que le vote contre au lieu de profiter aux socialistes a choisi de se porter sur ces candidatures critiques, signe que les Espagnols n’oublient pas que le PSOE a été un contributeur actif aux politiques d’austérité engagées depuis 2008. C’est là la nouveauté. Les effets collatéraux sont toujours les mêmes : ce sont les communistes (Izquierda Unida) qui perdent, et qui perdent même, ici ou là, toute visibilité, Podemos ayant agi comme une pompe aspirante de ses voix, voire de ses militants et même de ses cadres -tel est le cas de Madrid, tant aux élections municipales qu’aux régionales. Il résiste dans ses vœux bastions historiques, ici ou là (Asturies, Andalousie) mais sort très affaibli du scrutin.

Je reviendrai plus tard sur deux détails et une question :

Les détails:

  1. La tête de liste de la coalition madrilène qui talonne la droite pour le gain de la mairie de Madrid est présentée par un article d’El País sous le label-jeu de mot cholokhovien « el don apacible »… peut-être pour souligner qu’elle fut communiste et activiste pendant le franquisme. Elle est en passe de devenir une sorte d’Enrique Tierno Galván au féminin –Mater matuta ou Pasionaria des classes moyennes- si elle est élue, ce qui est loin d’être fait.
  2. Pablo Iglesias a déclare au soir du scrutin que « les grandes villes montraient la voie, qu’elles étaient le moteur du changement». Quand le sociologue politique reprend la main…
  3. La question:

Quelles seront les stratégies d’alliances des uns et des autres? Alliances sur programme ou alliances sous forme de partage du gâteau: tu me laisses faire ici et je te soutiendrai là-bas?

Empresa 101

Oui, pour compléter mon effort de relativisation du déterminisme d’Emmanuel Todd qui veut qu’être catalan  conduise à avoir une conduite xénophobe surtout quand il définit cette civilisation , comme celle de l’hereu, héritier unique. De là à en extrapoler un caractère national catalan… La civilisation de l’hériter unique ne vaut que lorsqu’il y a héritage, oui, comme vous le dite, dans la famille de petits propriétaires paysans un seul enfant  hérite du bien pour ne pas le morceler. Mais cette pratique n’était pas propre à la Catalogne, on la pratiquait aussi en Auvergne (voir les excellents travaux de Rose Duroux sur les Auvergnats en Castille) et en Normandie.  Par conséquent, cette question de la catalanité est plutôt liée à la forme de propriété agraire, puis industrielle et , presque toujours,  familiale, accumulant richesse et patrimoine, telle qu’elle s’est développée dans cette partie de l’Espagne, mais pas seulement.

Pour mémoire, ce poème de Jaime Gil de Biedma, Barcelona ja no es bona:

Oh mundo de mi infancia, cuya mitología
se asocia -bien lo veo-
con el capitalismo de empresa familiar!

Mais les pauvres…. qu’avaient-ils à transmettre?
refug

 

 

Corto es el aliento que respira entre la cuna y la tumba; corto pero bastante a causar graves daños, si se emplea mal.

Cette sentence raisonnablement pessimiste est tirée d’une sorte de Miroir aux princes datant de 1640 et dont l’auteur est Diego Saavedra Fajardo, Idea de un príncipe politico-cristiano,  Empresa Cien, « Qui legitime certaverit ».

Si elle m’est revenue, c’est parce qu’elle trouverait à s’appliquer à certains, hommes politiques ou hommes de sciences.

Aux hommes politiques, quand Manuel Valls donne son avis dans les médias français sur tout et sur rien. On se demande dans ce cas si « la liberté des tribunes » n’est pas étroitement dépendante du statut social du tribunitien. Le chef du gouvernement publie dans Le Monde, le 7 mai, c’est-à-dire le jour-même de la sortie en librairie du livre d’Emmanuel Todd, « Qui est Charlie? », une réfutation des thèses ou hypothèses du sociologue alors que seuls quelques initiés ont lu ce livre (titre de la tribune:
« Non, la France du 11 janvier n’est pas une imposture »). On se demande quand notre chef de gouvernement qui « conduit la politique de l’Etat » a pris le temps de lire et de répondre à Emmanuel Todd. Il s’en était pris déjà à Michel Onfray qui avait répondu en le traitant de crétin, Todd, lui, l’a traité de pétainiste. Finalement, Pascal Bruckner a raison de rappeler une évidence: « Les hommes politiques ne sont pas les agents de la circulation des idées, triant les bonnes des mauvaises, décrétant lesquelles ont droit de cité, lesquelles doivent être bannies. » (Non aux intellos godillots, Le Monde du 17 mai). Ils ont autre chose à faire, non?

Aux hommes de science: Emmanuel Todd affiche, dans ses commentaires scientifiques sur qui fait quoi et pourquoi, une sérieuse tendance déterministe qui peut heurter. Mais c’est peut-être son humour à lui. Dans l’ouvrage cité plus haut, pendant qu’il se glorifie d’être un produit du métissage à la française comme tant d’autres, il reproche à d’autres intellectuels – ou « pseudo-intellectuels », qui se prennent pour les arbitres de la mode déplorative (Eric Zemmour et Alain Finkelkraut, pour ne pas les nommer) de ne pas avoir pratiqué l’exogamie comme l’ont fait les siens et lui-même. On comprend la colère d’Alain Finkelkraut. Dans la même veine, il estime que la tendance xénophobe et autoritaire de Valls (l’emploi absurde du terme apartheid pour parler des banlieues)  est déterminée par ses origines catalanes: « Manuel Valls est né à Barcelone. Un des hauts lieux du différencialisme ibérique. Le nationalisme est, dans cette ville et sa région, en phase ascendante aujourd’hui et menace l’Espagne de dislocation. »

M Todd, votre livre est intéressant et bien conduit, le plus souvent juste dans ses analyses sur Charlie ou pas Charlie, mais, là, « vostè s’ha passat », vous êtes allé trop loin… Les choses, même en Catalogne, sont plus compliquées que vous ne l’affirmez. Et la menace de dislocation est plutôt du côté de l’Ecosse aujourd’hui, ou même de l’Europe toute entière.

Court est le souffle qui sépare le berceau de la tombe, …

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Real Madrid-Barça

Chacun connaît la rivalité qui oppose les deux métropoles. Une démographie comparable, mais une position différente dans l’Espagne et une histoire métropolitaine différente, celle d’une ville de cour fondée en 1561 par Philippe II et celle de l’un des principaux ports de commerce de la Méditerranée. Une capitale austère, centrale, à l’image de l’ambition de son roi fondateur et une métropole cosmopolite, plus génoise qu’espagnole, remodelée très tôt par la révolution industrielle.

Dans les années cinquante, une autre manifestation de cette rivalité est apparue, le football, dans une sorte de symétrie parfaite. D’une part, deux clubs royaux, le Réal et le Barça, d’autre part, deux clubs prolétaires, l’Atlético, club fondé en 1903 par de futurs ingénieurs des mines basques et pensé comme filiale de l’Atlético de Bilbao et l’Español, fondé en 1900 par des étudiants de l’Université de Barcelone originaires d’autres régions d’Espagne. Avec le temps, ces deux derniers clubs sont devenus des clubs plus ouvriers, à Barcelone car l’Español pouvaient rassembler l’immigration ouvrière sans exigence d’allégeance à la catalanité, à Madrid, parce que très rapidement le Real, disposant aussi d’une assise populaire incontestable, suscita l’intérêt du pouvoir franquiste qui vit dans la promotion de ce club une façon de donner du lustre à Madrid ou une certaine visibilité, si j’emploie le jargon en usage aujourd’hui.

Cette rivalité se fit à coup de titres nationaux, de construction de stades monumentaux, de recrutements exceptionnels et de tricheries financières et fiscales restées le plus souvent impunies.

Les demi-finales de la Champions League cette semaine et les commentaires qui les ont suivies montrent bien que cette rivalité est toujours vivace. Le Barça, coaché par Luis Enrique, ancien joueur du Real,  a éliminé le Bayern de Munich entraîné par son ancien coach Josep Guardiola. Le Real, coaché par  Carlo Ancelotti, qui a été entraîneur de la Juve au début de ce siècle, a été éliminé par la Juventus de Turin. Pour la plus grande affliction des supporteurs du club, le but de l’élimination a été marqué par un jeune joueur espagnol de 22 ans, Alvaro Morata,  né à Madrid et  formé au Real. Fatalitas! 

On s’en prend donc aux dirigeants qui ont laissé partir ce jeune joueur qui fait les beaux jours de la Juve, on critique les approximations d’Iker Casillas et on va même jusqu’à laisser penser que la victoire du Barça sur le Bayern est le fruit d’une obscure collusion entre Guardiola et son ancien club.

Tout ceci va se calmer…  la rivalité reste intacte. Et si Morata marque un but contre le Barça le jour de la finale et que le club catalan est éliminé, les choses rentreront dans l’ordre. Un regret cependant, il n’y aura pas de finale de Champions League entre les deux clubs comme espéré, une sorte de Clásico planetario

 

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Espagnols à Dachau

Puisque Madame Angela Merkel s’est rendue dimanche à Dachau pour commémorer la libération de ce camp de concentration par les troupes américaines le 3 mai 1945, qu’on me permette, à cette occasion, d’évoquer la figure de tous ces espagnols qui y furent déportés, et celle d’un grand homme, Edmond Michelet, dont la détermination et la générosité ont permis aux survivants de trouver asile en France. Et également de rendre hommage à mon père, qui était l’un de ces libérés.

Photo de Ramon Buj Ferrer

Je vous livre son récit tel qu’il a été publié il y a quelques années:

Testimonio de Ramón Buj Ferrer

«Nací en Barcelona en 1921, y en el otoño de 1938, aun siendo menor de edad, conseguí alistarme en el Ejército Republicano, siendo destinado al Estado Mayor del Quinto Cuerpo del Ejército del Ebro.

Pasé la frontera en febrero de 1939 y fui internado en el campo de Argeles. Más tarde me trasladaron al campo n.° 3 de Agde, el llamado «campo de los catalanes».

De allí saldría con la 91 Compañía de Trabajo Militarizada, siendo destinados a la región noroeste de Francia, a construir un campo de aviación, donde nos pillaría la desbandada del ejército francés, en mayo de 1940 (1).  Conseguí salvarme de la embestida alemana y llegué al sur de Francia unas semanas más tarde, camuflándome durante algún tiempo en el departamento del Hérault. Al no disponer de documentación, un día me detuvieron los gendarmes y me volvieron a encerrar en el campo de Argeles y poco después me reincorporé a la 91 Compañía. Esta unidad se encontraba entonces en el centro de Francia.


»Durante el invierno 1940-41 trabajamos en el arsenal de Roanne (Loire) y más tarde en el Depósito de Obuses de Gases, sito en La-Ferté-Hauterive (Allier). En ambos lugares los franceses trataban de recuperar el material bélico para, según estipulaban las cláusulas del armisticio de junio de 1940, entregárselo a los invasores. En un momento dado corrió el rumor de que a la Compañía la iban a trasladar a la zona ocupada por el ejército alemán y concretamente a encuadrarla en el ejército alemán y concretamente a encuadrarla en el dispositivo de la Organización Todt que, como sabes, era la encargada de construir el famoso Muro del Atlántico.


Entonces empezamos a pensar en organizar las deserciones, entre los más decididos, para no contribuir en lo más mínimo al esfuerzo de guerra de los alemanes. Pedí permiso para ir a visitar a un familiar que tenía en el sur (en el departamento del Aude) y, al no verme regresar, lanzaron una orden de búsqueda y captura. Fui detenido por los gendarmes y devuelto a la Compañía. Pero de allí, como castigo, me pasaportaron al 667 Grupo de Trabajadores Extranjeros (unidad disciplinaria), donde conseguí enchufarme como secretario-intérprete. A los pocos días, la 91 Compañía era enviada a las costas del Atlántico. El G.T.E. 667 tenía su plana mayor en Billón (Puy-de-Dóme) y sus servicios se centraban sobre todo en el mantenimiento de un Parque Automóvil.


En aquel G.T.E., como en casi todos, los españoles organizamos en seguida la Resistencia y los sabotajes. La propaganda que se hizo en sus filas fue tan intensa que la inmensa mayoría de sus componentes acabaron desertando e incorporándose a las Fuerzas Francesas del Interior. O sea: a la guerrilla.


A principios de 1942, se lanzó la «Campaña de los 90 días», en la que se llamaba a los españoles a incorporarse a la lucha contra los nazis. Y se emprendió también otra campaña: la de exigir la liberación de Luigi Longo, antifascista italiano y miembro destacado de las Brigadas Internacionales. En las primeras semanas de 1943, como recordaréis, se fundó Unión Nacional Española,que, si bien fue una iniciativa comunista, logró despertar interés por la lucha antifascista en muchos republicanos, socialistas, libertarios e incluso personas sin una ideología determinada, pero que reconocieron que nuestro deber era batimos contra los nazi-fascistas europeos allí donde los encontrásemos.


Mis frecuentes desplazamientos – yo hacía de enlace con otras unidades disciplinarias – despertaron sospechas en la policía francesa y un día de marzo de 1942 me detuvieron. En Clermont-Ferrand fui condenado por un tribunal militar a 10 años de trabajos forzados y a otros 10 años de extrañamiento. Al cabo de un tiempo sería enviado al penal de Nontrón. Allí tuve la alegría de encontrar a un grupo de españoles que ya estaban organizados (2).  Estuve con ellos once meses y luego me trasladaron a la prisión de Mende (Lozére), donde me encerraron en una celda de castigo. Allí tenían encarceladas también a varias mujeres antifascistas españolas. Correspondíamos entre nosotros gracias a la complicidad del cura de la prisión. Luego nos lo cambiaron y quedamos incomunicados de nuevo.


»Con el paso por las cárceles pequeñas, la policía francesa iba operando una selección de los más peligrosos y así muchos fuimos a parar al presidio más temido del sur de Francia: a la Central de Eysses, una antigua abadía. Durante mi traslado pasé por la cárcel de Montpellier, que es donde se formó la expedición destinada a Eysses.


En la Central ya existía una organización clandestina, en la que los españoles – como siempre – participaban activamente. Se llamaba el «Batallón de Eysses» y lo mandaba un antiguo oficial de las Brigadas Internacionales, el francés Fernand Bernard.


La insurrección en el presidio aquel estalló el 19 de febrero de 1944, organizado por nuestro Batallón. Los combates duraron algo más de 24 horas, se cogió al director y a varios de sus colaboradores como rehenes, pero, al no haberse podido coordinar bien la rebelión con la intervención de grupos guerrilleros del exterior, ésta fracasó y entre los doce condenados a muerte, como represalias, cayeron dos españoles: los catalanes Jaime Serot y Doménec Servetto Bertrán. Serrot era el séptimo muerto de una familia cuyos otros hijos habían caído bajo las balas franquistas en la guerra civil.


A partir de aquellos días, el régimen penitenciario alcanzó cotas de dureza realmente inimaginables. Los interrogatorios y las palizas ya no corrían tan sólo a cargo de la policía francesa, como en los primeros tiempos, sino también de los agentes de la Gestapo. Durante varias semanas a los 36 detenidos como sospechosos de haber secundado la rebelión, entre los que me encontraba yo, se nos consideró como rehenes.

Al fin se decidieron a sacarnos de allí. Nos metieron a todos en un vagón metálico especial y nos condujeron a la cárcel de Blois, que era una de las antesalas de los campos de exterminio alemanes. Fuimos seguramente los únicos españoles que transitamos por ella. Luego nos enviaron al campo de selección de Compiégne, escoltados por una nutrida patrulla SS de la tristemente célebre división acorazada «Das Reich», la que más tarde dejaría tan trágica estela de sangre por el centro de Francia (3).

»Nuestra salida de Compiégne coincidió con el desembarco aliado en Normandía (6 de junio de 1944). Tres días después ingresábamos en el campo de Dachau. Tras la cuarentena me enviaron a un komando exterior. Éramos unos veinte españoles y trabajábamos en un terreno de aviación. A mí me destinaron a trabajar en una cantera vecina, donde tuve la mala suerte de accidentarme. Ya sabéis lo que aquello significaba: si se enteraban los SS de que ya no eras productivo te liquidaban en el acto. Pero, afortunadamente, los españoles estábamos muy bien organizados. Así que, mis compañeros, de escondidas, me llevaron hasta la propia enfermería del campo de aviación y me hicieron la primera cura en el pie, que había quedado apresado entre dos vagonetas cargadas de piedras.


He de precisaros que los responsables de aquel komando eran los SS y los guardianes soldados de aviación, pero los amos del cotarro fueron siempre hombres de las Brigadas Internacionales – que hablaban alemán y que la sabían muy larga, os lo puedo asegurar – y gracias a ellos pude permanecer acostado durante varias semanas, hasta que se me cicatrizó la herida. Pero no creáis que ese período de convalecencia transcurrió tranquilamente, ya que el no poderme valer por mí mismo pudo haberlo echado todo a rodar más de una vez y, de carambola, haber puesto en evidencia a la organización clandestina española, que, como ya os señalé, contaba en su dirección con valiosos elementos de las B.I. Pensar que, por aquellas fechas, las cosas ya no les iban nada bien a los nazis y que estaban más nerviosos que nunca.


»Durante los bombardeos aliados, mientras permanecí en el komando de Landsberg, los  camaradas brigadistas me escondían, siempre echado en una camilla, en el bosque. Para que los SS no se diesen cuenta de que yo no acudía al refugio, al no poder valerme por mí mismo. Suerte tuve de aquellos corajudos patriotas yugoslavos, que sino…


»Cuando sané, en «la cama clandestina» ingresaron a un prisionero austríaco, Plehata, también brigadista. Bueno, me curé de la herida, pero enseguida se me declaró el tifus y me pusieron en cuarentena, al lado de medio centenar de atacados por la epidemia. Allí sí que me vi perdido de verdad, pues cada día pasaban los médicos SS y hacían una selección para el matadero. Te marcaban un número en el pecho y ya no te escapabas. Un día me marcaron a mí. Pero en seguida se puso en marcha la solidaridad de los españoles y gracias a un médico nuestro, el doctor Paz, me salvé otra vez de una muerte segura. Consiguió meterme en la enfermería, donde estuve protegido por unos enfermeros yugoslavos. Ellos fueron quienes me colocaron luego en un grupo de recuperación de material eléctrico, hierros viejos y chatarra. Y milité, claro está, en la organización clandestina española con todas mis fuerzas, cuyo dirigente máximo era precisamente el doctor Paz, un hombre admirable en todos los aspectos.


»A nosotros nos liberaron los americanos y entonces tuvimos que enfrentarnos con problemas increíbles. Hubo que entablar una lucha tremenda para que las autoridades francesas nos considerasen como deportados suyos, puesto que todos los españoles que habíamos caído en poder de los alemanes fue defendiendo a Francia. Para conseguir tal reconocimiento nos prestó una ayuda inapreciable el político francés Edmond Michelet – ex deportado en Dachau -, el que más tarde sería ministro del general De Gaulle. Así logramos ser evacuados hacia Francia.


Pero no creáis que se habían terminado las sorpresas. Por lo visto, al acceder a nuestra petición, las autoridades francesas creyeron que íbamos a cruzar Francia de paso hacia nuestro país de origen, que fue lo que hicieron la mayoría de los deportados no franceses. Al comprobar que nosotros pretendíamos quedarnos en el lugar donde habíamos sido detenidos por los alemanes, intentaron meternos en un campo para personas desplazadas de Chálons-sur-Marne. ¡Esa era la recompensa que Francia reservaba a unos hombres que habían combatido por su libertad! Menos mal que los españoles hicimos todos frente común, nombramos nuestros delegados y les dimos a entender que nosotros no estábamos dispuestos a dejarnos llevar a ningún otro campo, del género que fuese más que muertos.» (4)


1. La desbandada no la protagoniza tan sólo el ejército francés sino también el testo de los ejércitos aliados: el inglés, el belga y el holandés.


2. En el verano de 1944, este penal fue asaltado por fuerzas guerrilleras y rescataron todos los presos políticos. Entre los destacamentos asaltantes estaba el del catalán Ramón Vila Capdevila «Raymond». El mismo que, con el nombre de «Caraquemada», actuaría por tierras de Cataluña, con su partida de guerrilleros, en el período 1945-1963.


3. En la cruel matanza, que tuvo por escenario el pueblo de Oradour-sur-Glane, que costó la vida a más de seiscientos habitantes, murieron dieciocho exiliados republicanos españoles, refugiados allí después de la guerra civil.


4. Este «malentendido» no fue casual, puesto que se repitió en varios lugares más, y muy particularmente en el campo de Mauthausen.

Los cerdos del comandante
Eduardo Pons Prades
Mariano Constante
Editorial Argos Vergara
Barcelona

 

Me gusta más Galeano que Juego de Tronos…

Telle la conclusion que tire Juan Carlos Monedero, l’un des fondateurs de PODEMOS, pour expliquer son départ de la direction de cette organisation.Naturellement, il se défend de toute divergence sur le fond avec son mouvement mais estime que sa place est « ailleurs » dans le développement d’une nouvelle façon de faire de la politique. On peut noter également que le recul que prend cette figure de premier plan de PODEMOS intervient à la suite de nombreuses attaques le concernant et en particulier sur les liens qu’en tant que conseiller ou expert il avait eu avec certains pays de l’Amérique hispanique (Venezuela, Nicaragua) amenant certains des partis opposés à PODEMOS  (PP et PSOE pour l’essentiel) à considérer que ce parti était plus une créature du chavisme que l’expression d’un ras-le-bol  des classes moyennes urbaines espagnoles touchées de plein fouet par la crise. Felipe González lui-même avait donné le la à ses amis socialistes il y a un an en critiquant  « las alternativas bolivarianas influidas por algunas utopías regresivas », entendons les mouvements financés par le Venezuela et influencés par le marxisme.

Comme je le disais dans un billet antérieur, la phase 1 de recherche de l’hégémonie du discours est passée, la phase de construction d’une politique partisane avec les jeux d’alliances et les propositions programmatiques a commencé et PODEMOS  peine: baisse des sondages favorables, résultats mitigés aux élections autonomes de la région andalouse…

Et, comme je le laissais entendre, la seule conséquence concrète a été la perte d’influence des communistes qui se poursuit puisque, à titre d’exemple, l’ancien secrétaire général du PCE et ancien maire de Grenade, l’andalou Julio Anguita, toujours en retard d’une mode, vient de donner son soutien pour les prochaines élections municipales à une liste s’appelant GANEMOS, regroupant des militants de PODEMOS, de transfuges de la coalition construite autour du PCE il y a une trentaine d’années (Izquierda Unida) et d’autres déçus du socialisme.

Pablo Iglesias, Podemos, el Mesías

Etre prophète est usant et on comprend que Monedero se sente plus à l’aise dans la peau d’un penseur critique de l’absolu que dans celle d’un professionnel de la politique (programmes-alliances-compromis).

Tous ceux que PODEMOS faisait rêver commencent à voir leur rêve s’effilocher. Qu’ils fassent preuve de patience… Une nouvelle génération, peut-être…

WP