Dans le dernier numéro du Monde Diplomatique est publié un article de Razmig Keucheyan et Renaud Lambert (Ernesto Laclau, inspirateur de Podemos, Le Monde Diplomatique, septembre 2015, p.3) qui se penche sur l’une des sources du mouvement Podemos, celle des écrits d’Ernesto Laclau, intellectuel argentin qui fut pendant 25 ans, jusqu’à son décès récent, professeur de théorie politique en Grande-Bretagne. Le titre évoque ce dernier comme l’inspirateur de Podemos sans pour autant mettre de point d’interrogation, puisque selon l’avis des auteurs il s’agit d’une inspiration explicite et un choix assumé, celui du populisme.
Nous ne sommes pas privés dans ce blog de critiquer cette forme de gestion du politique dans un pays, l’Espagne, qui avait déjà, par le passé, eu à souffrir de différentes sortes de boulangisme ou de fascisme à l’espagnole depuis la fin de l’ancien régime.
Cette pensée affirme en premier lieu l’échec du marxisme puisqu’il ne peut y avoir autonomie du politique et que ses « catégories classistes » ont montré leur non-pertinence (effondrement de l’Union Soviétique, effondrement des partis communistes d’Europe). Seuls les mouvements catégoriels ou corporatistes sont l’essence même des combats sociaux (la « logique de la différence »).
Leur convergence ne peut être décrétée mais la conquête de l’hégémonie par le discours peut en créer la condition. C’est ce discours, parsemé de « signifiants vides » (la casta, los de arriba contra los de abajo, etc.), qui est celui de Podemos. La deuxième condition de la convergence, c’est la mise en avant d’un leader, nous l’avons, « el de la coleta », Pablo Iglesias, dont le nom lui-même est l’un de ces signifiants vides dont il est question.
Enfin, entretenir le flou programmatique et l’ambiguïté des politiques d’alliances est le dernier volet qui complète ces outils stratégiques qui ont fait Podemos. la baisse continue des intentions de vote d ce mouvement dans les sondages montre bien que « l’inscription dans la durée » ne se fait pas au niveau souhaité, parce que cette recette néo-péroniste oublie certainement ce que sont les cultures nationales. Comme il est souligné dans cet article ce que Podemos est allé chercher chez Laclau, ce ne sont pas de outils théoriques mais seulement des outils rhétoriques. Ce n’est pas la même chose. Et si Laclau était le gourou de dirigeants de Podemos, je leur dédie cette chanson.