Podemos, la gauche et la droite

Le vieux concept du « ni gauche ni droite » a repris des couleurs en Espagne avec cette force politique nouvelle dont le nom signale que la volonté peut tout, PODEMOS. Ce concept ayant été repris sous toutes ses variantes possibles par le leader de ce mouvement, ce dernier  s’est vu accuser de reprendre ce que José Antonio Primo de Rivera disait dans son discours de fondation de Falange Española en 1933:

El movimiento de hoy, que no es de partido, sino que es un movimiento, casi podríamos decir un antipartido, sépase desde ahora, no es de derechas ni de izquierdas. Porque en el fondo, la derecha es la aspiración a mantener una organización económica, aunque sea injusta, y la izquierda es, en el fondo, el deseo de subvertir una organización económica, aunque al subvertiría se arrastren muchas cosas buenas. Luego, esto se decora en unos y otros con una serie de consideraciones espirituales. Sepan todos los que nos escuchan de buena fe que estas consideraciones espirituales caben todas en nuestro movimiento; pero que nuestro movimiento por nada atará sus destinos al interés de grupo o al interés de clase que anida bajo la división superficial de derechas e izquierdas.

Ces critiques viennent de l’extrême gauche, la gauche modérée préfère parler de fascismo cool, expression que Pablo Iglesias avait lui même employé pour critiquer un petit parti socialiste dissident, UPyD, qui lui-aussi se disait ni de droite ni de gauche:

Los momentos de crisis son momentos de oportunidad. Son momentos en los que se mueve más cómodo el movimiento de izquierda, pero en los que también hay fascismo u otras formas reaccionarias de restauración del régimen. La emergencia de UPyD es un ejemplo. UPyD tiene muchos elementos de fascismo cool, con eso de ‘no somos ni izquierdas ni de derechas, somos españoles’. Es un discurso de momento de crisis donde hay muchas posibilidades.

Extrait d’interview donné à La Opinión A Coruña le 20 septembre 2013.

Naturellement, le concept de fascisme cool a une histoire, Iglesias ne manque pas de culture politique pour employer ce concept sans raison. La question et le problème c’est que sa vision tacticienne de l’espace politique espagnol d’aujourd’hui l’amène à passer sous l’emblème même de ce qu’il critiquait il y a à peine 18 mois, autrement dit avant qu’il ne devienne la coqueluche politique de notre voisin.

Revenons au concept de fascisme cool . Il apparaît, par exemple, en 1932 lorsqu’il s’est agi de définir ce qu’est le régime japonais de l’époque. L’expression était considérée comme équivalente à une autre, fascisme légal. Mais il est aussi une tentative pour expliquer les nouvelles modalités de « containment » de l’extrême droite qui tente de faire oublier ses fondements : régression sociale, libéralisme économique, haine de l’étranger, glorification d’une élite sociale, génétique et possédante:

Ou encore un concept plaqué sur une  analyse des dérives des systèmes et institutions démocratiques, par exemple tel qu’il surgit dans une nouvelle forme de critique des démocraties depuis une extrême droite qui rappelle furieusement le phalangisme social historique (Soral en France).

Pour Iglesias, c’est le refus de la gauche et de la droite comme concepts opératoires qui heurte, ce que certains ont appelé en Espagne son ninismo. Reconnaissons que, peut-être grâce aux critiques qui lui sont faites, ce ninisme marche. Pourquoi? Parce que les lois dites de l’alternance au pouvoir ont toujours laissé croire que le PP c’était la droite et le PSOE, la gauche, et qu’il n’y avait rien d’autre sous le soleil. Le rejet de ces deux partis par les espagnols revient donc à celui qu’expriment les français et que les lepénistes ont récupéré avec habilité en martelant le fameux slogan qui parle de lui-même, UMPS. Il est vrai que les socialistes espagnols et français ont volontiers annexé le mot « gauche » pour se l’attribuer en toute exclusivité alors que les électeurs ne voient pas quelle est la différence de fond entre leur politique et celle de ce qu’ils appellent « la droite ». Le fascismo cool serait donc l’apanage de ceux qui ne veulent plus de cette alternance d’étiquettes et veulent une alternance politique authentique.

La politique est une affaire de programmes et d’alliances. Jamais une affaire de positionnement. Etre ici ou là, être en haut ou en bas, à gauche ou à droite, importe peu. Ce qui importe c’est: quoi avec qui?

Pour l’instant PODEMOS essaie de se créer un espace hégémonique dans l’opinion, il est donc ni-ni. Une fois acquise cette place, il devra s’allier. Et produire un programme plus précis.

Il est en phase 1, attendons les phases 2 et 3, elles seront  bientôt enclenchées.

 ni de derechas ni de izquierdas

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