De l’inégalité supposée entre les langues…

Dans un entretien accordé au journal Le Monde (le 30 décembre dernier), l’écrivain italien Erri de Luca, dont l’œuvre poétique et romanesque est l’une des plus remarquables en Europe ces derniers années, définit son sens de l’appartenance nationale par deux considérations, l’une négative (« Je ne suis pas patriote, le drapeau ne m’émeut pas, l’hymne non plus »), l’autre positive (« Etre italien c’est habiter ma langue. J’ai ma résidence en italien. »).

Il rejoint une certaine forme de penser la nation par la langue que développent les terminologues québécois, par exemple Marie-José des Rivières et Nathalie Roxbourgh, qui, dans un article consacré aux « Variations sur la langue ou le français conjugué en exposition » (Normes et medias, Terminogramme, numéro 97-98), citent en exergue le metteur en scène Jean-Claude Germain:

Avant d’habiter un pays, on habite une langue et plus on possède de mots pour y définir sa place, plus on a de chances d’y occuper tout son espace.

En écho subtil, on entend comment Ernest Renan donnait au critère de la langue une portée limitée: « La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. » (Qu’est-ce qu’une Nation? Chapitre 3).

Erri de Luca se situe d’emblée dans un contexte italien où la variété des langues était et est toujours  remarquable. Il se définit comme bilingue, le napolitain et l’italien sont ses deux langues. Or il établit un critère, dont la banalité et la fausseté ont déjà été largement dénoncées, celle d’une hiérarchie expressive entre ces deux langues: « On peut parler, chanter, se disputer, pleurer, mais pas écrire en napolitain. » Vieille croyance qui nous ramène à celles qui avaient court en Europe, la permanente comparaison des qualités intrinsèques des langues vernaculaires dans leur rapport au latin.  On le trouve dans le « Diálogo de la lengua » de Juan de Valdés (1533) où il fait dire à l’un des intervenants (Marcio):

¿No tenéis por tan elegante y gentil la lengua castellana como la toscana?

Antonio de Nebrija défend l’utilité politique de  la norme vernaculaire comme instrument d’identification du pouvoir, concrètement celui de la puissante Reine de Castille, Isabel, à qui est adressé le prologue de sa Gramática (1492):

No solamente los enemigos de nuestra fe que tienen ia necessidad de saber el lenguaje castellano: mas los vizcaínos. navarros. franceses. italianos.

Erri de Luca ne dit pas autre chose de l’italien quand il la présente comme la langue dont son père imposait l’usage à la maison alors que le monde extérieur parlait napolitain.

L’une des premières batailles visant à donner aux langues vernaculaires la place qu’occupait le latin consista souvent à les présenter comme capables de « tratar materias grandes » pour reprendre une expression de Pero Mexía (Silva de varia lección (1540). Dans un ouvrage collectif destiné à promouvoir l’idée de la réalité de l’existence d’une nation espagnole (España como Nación, RAH, 2000, Madrid), la Real Academia de Historia  accorde un chapitre entier à la thématique linguistique (Las lenguas peninsulares, cuando el castellano se hace español). Y est rapporté le discours (fameux) de Garcilaso de la Vega prononça devant le Pape  Alexandre VI à Rome en 1498. Discours qui répondait à un défi: faire la démonstration que l’espagnol était ,face à ses langues concurrentes, le français, le portugais et le toscan, la langue la plus « latine ».

En fin de compte, nous ne sommes pas sortis de l’ornière (du vaste monde des topoï). Si nous considérons qu’il existe des langues, des dialectes et des patois, des formes-langue et des sous-formes-langue, si nous tenons comme essentiel d’être sujets aux contingences et aux poussées du moment (la guerre, la religion, l’économie, la finance) qui tendent à nous imposer la langue du dominant, alors vive la novlangue!

Si, tout au contraire, nous pensons que la langue ou les langues que nous parlons, dans lesquelles nous écrivons, sont sœurs des autres, alors nous n’entendrons plus ces expressions qui fâchent comme cette toute dernière, attribuée au président du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder: « Maintenant, l’Europe parle allemand »:

« Maintenant l’Europe parle allemand. » Maladroit, choquant, le propos, mardi 15 novembre, n’a pourtant fait qu’illustrer le statut que l’Allemagne a officieusement acquis ces derniers mois. (Le Monde du 20 novembre).

Consensuar transitando, transitar consensuando

Cette page est rédigée en espagnol. Ceci correspond à un «changement de ligne éditoriale» que l’auteur de ce blog a décidé en accord avec lui-même. Les pages en français, espagnol ou catalan alterneront donc désormais dans le désordre le plus consensuel possible.

 

Este latinismo se evoca como perteneciendo a lengua didáctica. Utilizado en fisiología evoca la interdependencia de los órganos del cuerpo vivo que se sustituyó a la palabra simpatía. El Dictionnaire Historique de la Langue Française(1998,857), indica que fue adoptado por los primeros sociólogos (Auguste Comte et Emile Durkheim) para evocar la integración e posible interpenetración de todos los aspectos de la realidad social formando un todo.

Dice que surge a principios de los setenta en la lengua política en el sentido de « accord social conforme aux vœux de la majorité » luego en su forma específica en francés de « large consensus » es decir conforme a los deseos de una amplia mayoría. En su Vocabulaire juridique (2005, 214), Gérard Cornu le concede dos entradas: el sustantivo consenso y el calificativo consensual. Se desdibujan tres propuestas :

  1. Consenso se presenta como término eufemístico y diplomático usado por las entidades inernacionales para expresar « le substitut informel d’un vote comme mode d’adoption d’une délibération à laquelle certains participants ne veulent, formellement, ni s’associer ni faire obstacle, acceptant qu’elle soit adoptée sans vote, … traduisant sinon un accord tacite, au moins un compromis de non obstruction dans la conclusion d’une délibération. »
  2. Consensual, definido como término perteneciendo al ámbito « psicosociológico », se evoca en el caso « d’arrangements qui procèdent, entre représentants d’intérêts divers (voire opposés), de la volonté commune de trouver un terrain d’entente, ou d’actions conduites dans un climat de concertation et un esprit de coopération » (evoca su uso en materia de patria potestad).
  3. En la esfera política lo define como « accord informel proche de l’unanimité ; convergence générale des opinions (au sein d’un groupe ou dans l’opinion publique), par exemple en faveur d’une politique, d’une candidature, d’une réforme ; assentiment tacite quasi général. » Lo opone a la controversia.

En cuestiones de gobierno, es necesario emparentarlo a dos pilares de la teología política , la tradición del contrato y la del gobierno por consentimiento. El gobierno así como la sociedad encuentran fundamento en el contrato y la casi totalidad de los gobiernos legítimos en el consentimiento. A su vez este último tiene como fundamento la búsqueda permanente del  « summum bonum » y puede revestir una forma explícita (el voto y el mandato) o implícito (la aceptación de principios ligados a las leyes naturales). En el siglo XVI, esta visión la compartían los puritanos reformados e igualmente los teólogos de la neo escolástica defensores del protagonismo del Papa y animadores de la contra reforma, por lo esencial todos españoles. En el debate moderno en torno a la teoría del estado, las percepciones sociológicas de cómo se constituye un consenso derivan de otro concepto, el de opinión pública, que proviene de la cultura anglosajona y fue el fundamento de controversias entre las escuelas existencialistas americanas y la alemana . La primera da como origen al poder no la capacidad humana para actuar sino la de concertarse en vistas de una acción común.

En el pensamiento español, se encuentran pocas definiciones divergentes. De hecho se puede deducir que este concepto penetró algo más tarde en el ámbito del discurso político español puesto que no está presente, por ejemplo, en la edición de 1970 del diccionario filosófico de Joaquín Ferrater Mora ni en el diccionario jurídico editado por Espasa. Las únicas referencias actuales y escuetas son las del diccionario de la RAE et las del María Moliner que proponen dos equivalentes (asenso et consentimiento) delimitando una definición muy estrecha reducida a la valoración de acuerdos tomados en las asambleas. El sentido académico de consenso en español se emparenta estrechamente al de consentimiento o hasta a concierto presente en el diccionario de Nebrija en 1495 (cf. Diccionario Medieval de Martín Alonso, 1986,744). En su última edición completa, el diccionario filosófico de Ferrater Mora, el término no está presente como tal pero bajo la forma histórica de « consensus gentium » dándosele como equivalente « consenso o consentimiento ». Se refiere el artículo a la noción de « consenso universal », combatida por los escépticos, y la de « consenso gremial », de uso sociológico. Lo más interesante del artículo del diccionario es el vínculo propuesto entre consentimiento y ocasionalismo. En el examen de este último concepto, el filósofo indica que:… para los estóicos la libertad es la conciencia de la necesidad.

Hablar de ocasionalismo aplicado al discurso político es algo que nos aleja bastante de nuestro propósito, Lo dejaremos de lado de momento así como otro concepto español: el accidentalismo

Por su parte, el filósofo  Gustavo Bueno propone una definición del consenso democrático – o político-como modelación geométrica  (Aristóteles no está muy lejos):

Consenso democrático es aquel tipo de mayorías (o de relaciones dadas entre mayorías) que se constituye a partir de una línea de relaciones entre los elementos extensionales del cuerpo electoral (considerado como una totalidad distributiva) y un conjunto de componentes a título de alternativas opcionales dadas en un «acervo connotativo», con el cual aquél ha de intersectar, precisamente en las operaciones de elección o selección, y en esta línea de relación definimos el consenso. (El Catoblepas, http://www.filosofia.org/)

A pesar de su presencia muy reducida en los diccionarios de referencia, pocos países usaron esta noción de manera tan prolija como la España de los años setenta, cualquier fuera la variante: consenso social o consenso político.

Cuando leemos lo que los miembros de la primera ponencia parlamentaria escribieron sobre su trabajo negociador del anteproyecto constitucional durante el verano del  1977[1], vemos muy bien que el tema no era el del método, sino de exponer  divergencias y montar compromisos. Hablar de consenso a proposito de la transicion supone prestar cierta atencion  a lo que se definiría como «política de consenso».

Por ejemplo el volumen XVIII de la Historia de España publicada por Istmo en 2001 (periodo 1939-2000), la constitución de aquella Comisión de Asuntos Constitucionales del Congreso se presenta como el inicio de una auténtica política de consenso:

… (que) trascendió pronto la cuestión constitucional y (que) tuvo otras expresiones importantes especialmente en los denominados Pactos de la Moncloa,( y que) consistió en alcanzar acuerdos mínimos ampliamente compartidos , con frecuencia tras largas y reservadas negociaciones, sobre los problemas de mayor relevancia de la sociedad española y , particularmente, sobre la configuración del sistema democrático.  (2001, 281).

Por lo contrario, para los miembros de la comisión, la elaboración del texto se hizo bajo la forma de una serie de pactos o de consensos, en plural, lo que indica Gregorio Peces Barba:

De todas formas en la primera etapa se hicieron grandes esfuerzos para llegar a consensos, aproximando lo más posible las posiciones. Todos éramos conscientes de que debíamos allanar el camino para los debates posteriores en la Comisión y en el pleno y luego en el Senado.

La historia pesaba mucho y no queríamos repetirla.[2]

En la mente de este universitario metido a político, el texto constitucional si es consensual es porque resulta de una negociación que rechaza la perfección y propone un texto que no conviene radicalmente a nadie:

 Intentamos hacer desde el primer momento un proyecto que no resultase incómodo para nadie y donde todos se pudiesen encontrar. Al final creo que la Constitución es una norma donde nadie se siente absolutamente identificado ni considera al texto como exclusivamente suyo. Todos los grupos políticos piensan que pueden gobernar con ella y todos se sienten mínimamente insatisfechos, sabiendo que los demás lo están también como para entender que era la mejor Constitución posible. (1988,40)[3]

Para Herrero de Miñón, el consenso estribaba en la voluntad inicial que enumerada y sintetizada en tres objetivos:

Los constituyentes teníamos tres objetivos comunes e ineludibles. En primer término, transformar la Monarquía autoritaria configurada por la legislación franquista en una Monarquía parlamentaria. En segundo lugar, establecer los límites del poder propios de un Estado de Derecho. En fin, garantizar las autonomías exigidas por los hechos diferenciales, sin mengua de la unidad española. (1993,122)[4]

En la revista Taula de Canvi (Nº especial de abril de 1978, es decir al final de la primera etapa de elaboración del texto), Miquel Roca i Junyent evoca igualmente el perfil consensual de los debates de la comisión, pero insiste sobre todo  en el criterio de « utilidad », es decir de eficacia. Era necesario el texto para salir del franquismo, pero era necesario igualmente para consolidar el futuro:

Se ha dicho por todos los ponentes –no recuerdo ninguno que lo haya, en todo caso, negado- que esta era una constitución de consenso o, mejor dicho, un esfuerzo para alcanzar el máximo consenso en el tema constitucional. (1978, 30)

Lo importante es, a mi entender, definir un texto constitucional que cierre y rompa el esquema franquista, abriendo solemnemente un régimen democrático, y en el que todas las formulaciones derivadas de distintas correlaciones de fuerzas democráticas tengan posibilidad de desarrollar su programa de gobierno dentro del marco constitucional. Hacer posible y duradera la democracia es hoy más importante que ciertos tributos al verbalismo que puede radicalizar, a veces gratuitamente, las posiciones enfrentadas de sectores opuestos. (1978,32).

En el mismo número de Taula de Canvi, Jordi Solé Tura se refiere más a consensos temáticos que a consenso, así trata por ejemplo de la forma del estado:

En definitiva, las principales fuerzas políticas hemos operado hasta ahora con un compromiso tácito de no plantear como prioritaria la cuestión de la forma de gobierno… (1978, 25)

Compromiso tácito como etapa preliminar, luego compromiso explícito (el que sellaría la firma final de un  ante proyecto), tal era la concepción « consensual » del representante del PCE en la ponencia: un consenso informado, claramente táctico, etapa primera hacia más evoluciones. Solé Tura no vacila, por lo tanto, en evocar el consenso pero más bien como principio de voluntad:

La indudable voluntad de consenso que ha presidido sus labores se ha traducido en un elevado porcentaje de acuerdos sobre cuestiones de gran significación democrática. (1978, 28)

La comisión empezó su trabajo el día  1 de agosto de 1977 y lo culminó el 14 de diciembre. Y finalmente, si el concepto de consenso contamina fuertemente desde aquel momento el discurso oficial, la realidad de la negociación se perfila más como una serie de enfrentamientos y compromisos.

Miguel Herrero de Miñón, uno de los autores de la Constitución española indica en un libro de memorias que el propósito de las mesas de negociadores del texto tenían como propósito «forzar la legalidad sin romperla » (1993,63). Manuel Fraga Iribarne, antiguo ministro de Franco, y representante único de Alianza Popular en la comisión, sin emplear la palabra describe esta fase de negociación:

En cada título constitucional se presentan invariablemente tres textos: el socialista (Peces-Barba), en general extenso, académico y “progresivo”, (frase predilecta del profesor de Filosofía del Derecho); el comunista de Solé Tura, en general moderado, preciso (era también profesor de Derecho Político) y en la línea de las propuestas eurocomunistas; y el mío. UCD se dedicaba a criticar los tres y al día siguiente llegaba Roca con una propuesta de compromiso/síntesis (hasta llegar a las autonomías donde naturalmente trajo su propuesta)… Pronto fue perfilándose cada uno de los oponentes.[5].

Insistiremos en dos hechos fundamentales. El primero remite a la constatación siguiente: consenso se presentaba siempre en los discursos de los actores de la transición como una manera de provocar un sorpasso, ligado a lo que es a la vez el principio constituyente, técnica de negociación y artífice de diplomacia político-social.

El segundo consiste en considerar la política de consenso como un  imperativo para el soberano: reconocer la limitación de su poder, por la vía de un segundo examen de las decisiones (ratificar, etc.) o por el ejercicio efectivo del principio de separación y control de los poderes. La limitación de la delegación de soberanía y el control popular se ejercían de cierta forma a través de dos modalidades aparentemente distintas: consenso y recurso. Siendo de uso el primero en la etapa de formalización de la decisión, el segundo en la etapa de su aplicación.

Bueno, lo dicho es lo dicho pero, ya se sabe,  mañana será otro día… día en que los efectos de las políticas restrictivas conduzcan a destapar la conflictividad sin disponer ya de método  negociador. Quizás en España,  a pesar de los discursos de unos y otros,  ya se ha entrado en una nueva etapa en que:

En política el consenso no es lo normal. Lo es el conflicto entre opciones y de ahí la democracia. No hay un pacto que nos ate a la Constitución, que fue producto del momento.[6]

 

 


[1] Miguel Herrero de Miñón, Gabriel Cisneros, José Pedro Pérez Llorca para UCD, Gregorio Peces Parba para el PSOE, Manuel Fraga Iribarne de AP, Miquel Roca i Junyent de CiU como representante de los nacionalismos et Jordi Solé Tura como ponente comunista.

[2] Peces Barba Gregorio, la elaboración de la Constitución, CEC, Madrid, 1988, 302 pp.

[3] Id.

[4] Herrero de Miñón Miguel, Memorias de estío, Temas de hoy, Madrid, 1993, 399 pp.

[5] Manuel Fraga Iribarne, En busca del tiempo servido, Planeta, Barcelona, 1987, page 91, cité par G PB (1988,33).

[6] Entrevista a Ferrán Gallego, Público.es ,17/ 09/ 2008.

¡Qué noche la de aquel día!

« Felipe y Alfonso, vuelven los Beatles », tel est le titre qui accompagnait un commentaire de Lucia Méndez dans le quotidien El Mundo du 5 novembre.

Il s’agissait de commenter l’apparition de deux des figures du « socialisme historique » dans la campagne des législatives du 20 novembre prochain, Alfonso Guerra et Felipe González . Il est vrai qu’il y a eu plusieurs « socialismes historiques » dans la longue histoire du PSOE, mais celui du Congrès de Suresnes de 1974 représente un vrai tournant dans son histoire.

Outre le trait satirique qui ne nous permet qu’avec peine d’imaginer la moindre ressemblance entre ces deux politiciens semi-retraités et les deux Beatles survivants (qui serait Paul Mc Cartney, qui serait Ringo Starr?) on a de la peine à penser que, contrairement à la conclusion de la journaliste (« los viejos rockeros nunca mueren »), ces deux-là aient pu un seul jour de leur vie être des vrais rockers.

La flamme démagogique est toujours là, bien puissante, puisque dans un élan oratoire dont les 20 000 personnes présentes à ce meeting à Dos Hermanas ont été les témoins, l’ancien chef du gouvernement a pu affirmer que si le PSOE ne gagnait pas en Andalousie, il se réfugierait à Honolulu (?). Peut-être y a-t-il déjà transféré quelques sous sur un compte bancaire. Il aurait mieux fait de choisir les Marquises, comme Jacques Brel, plus classe, mais bien sûr beaucoup moins rock.

La veille, El País titrait « Los dinosaurios españoles, a escena en Granada », mais il ne s’agissait plus des Beatles andalous mais bien d’une exposition consacrée à de vrais dinosaures, pas du tout métaphoriques.

Es razonable pedir un esfuerzo a los que fuman y beben

Alfredo P. Rubalcaba, candidat leader socialiste aux législatives espagnoles, annonce ainsi dans sa dernière conférence de presse quelles seront les mesures qu’il compte prendre pour limiter le déficit du secteur santé. Il s’agit d’un déficit supporté essentiellement pas les régions puisque la compétence de la santé  -en particulier de la gestion hospitalière- avait été transférée aux Communautés Autonomes il y a une dizaine d’années par le deuxième gouvernement Aznar.

Comme le candidat socialiste, homme dévoué à son parti qui accepte de livrer cette bataille perdue d’avance, aime parler d’ addictions (voir notre billet du 30août), il faudrait lui faire remarquer que ce discours « raisonnable » qui alourdit les taxes sur certains produits « toxiques » (alcool et tabac), épargne la bière et le vin, toxiques aussi, mais plus populaires. Taxons les riches buveurs de « coñà » et de » güisqui » et laissons aux pauvres la « caña » quotidienne.

L’Espagne rejoint ainsi, pas à pas, « la modernité ». Elle ressemble de plus en plus à un pays nordique où boire et fumer est le seul apanage des personnes asociales ou marginales, comme le détective Harry Hole des romans de Jo Nesbø ou le détective déprimé des romans de Henning Mankell, Kurt Vallander. El la Catalogne serait sa Norvège puisqu’on n’y tuera plus de toros.

On pourrait proposer à P. Rubalcaba d’allonger sa liste par un exercice simple (noté sur 8):

Completar las frases siguientes con les verbos siguientes: respirar, vivir, toser, morir :

Es razonable pedir un esfuerzo a los que…

Es imposible pedir un esfuerzo a los que…

¿Sería imaginable pedir un esfuerzo a los que…?

A lo mejor les pedimos un esfuerzo a los que…

Le poète Gabriel Celaya avait déjà écrit un petit poème désespéré (oui, une petite chanson triste) nous montrant ainsi qu’il avait tout compris de cette Espagne à venir (sa poésie était vraiment une arme chargée d’avenir).

G Celaya

Présent dans tous les manuels scolaires français depuis plus de trente ans, ce poème est un bon exercice d’apprentissage des diverses formes de l’injonction.

http://omaidi.fr/ensenar/spip.php?article647

Le voici.

Biografía

No cojas la cuchara con la mano izquierda. No pongas los codos en la mesa. Dobla bien la servilleta.  Eso, para empezar. Extraiga la raíz cuadrada de tres mil trescientos trece. ¿Dónde está Tanganika? ¿Qué año nació Cervantes? Le pondré un cero en conducta si habla con su compañero. Eso, para seguir. ¿Le parece a usted correcto que un ingeniero haga versos? La cultura es un adorno y el negocio es el negocio. Si sigues con esa chica te cerraremos las puertas. Eso, para vivir. No seas tan loco. Sé educado. Sé correcto. No bebas. No fumes. No tosas. No respires. ¡Ay, sí, no respirar! Dar el no a todos los nos. Y descansar: morir.

Gabriel Celaya

Et pourquoi ne pas taxer les graisses saturées, comme le Danemark vient de le faire?

Parecería razonable…

Me voy a tomar un café, que me duermo.

 

‘Me voy a tomar un café, que me duermo…’

Phrase historique prononcée ce matin  par Alfredo P. Rubalcaba, candidat socialiste  au poste de chef du gouvernement pour la prochaine législature et, par conséquent, leader de son parti pour les législatives du 20 novembre prochain. Phrase volée par les journalistes dans les couloirs des Cortes.

Il l’a dite à José-Luís R. Zapatero en plein débat sur l’adoption de la « Règle d’Or », autrement dit sur l’inscription dans la Constitution espagnole de l’engagement à limiter le déficit de l’Etat à 0,26% du PIB et celui des Communautés Autonomes à 0,14%. Ce vote surprise, annoncé par le Chef du gouvernement sortant, a créé un authentique malaise chez les élus socialistes, qui n’avaient pas tous été informés au préalable et mis en défaut Alfredo P. Rubalcaba lui-même qui avait déjà déclaré à différentes reprises y être opposé.

Pourquoi un chef de gouvernement qui est en fin de mandat a-t-il voulu lancer cette initiative? Certains en Espagne pensent que son souhait serait de voir le PSOE perdre les prochaines élections… ou que, perdues pour perdues, autant adopter cette mesure qui se présente comme la promesse de nouveaux sacrifices en matière de dépenses publiques. D’autres y voient un geste purement démagogique et irréaliste.

http://lizoain.tumblr.com/post/9411564599/el-insoportable-error-del-0-4

Ce qui est remarquable dans ce bel ensemble austère qui envahit l’Europe comme un virus, c’est qu’il n’est question que de « déficit public », jamais du niveau de la dette publique cumulée  qui est largement inférieure à celle de la France en ratio dette/PIB (72% contre 87%).

 

Et que dire alors du silence assourdissant de ces candidats à l’investiture sur la dette privée espagnole , trois fois supérieure en volume à la dette publique qui est essentiellement constituée par les dettes hypothécaires liées à l’acquisition de logements et à l’emballement des prix du foncier bâti au cours de ces dernières années, emballement lui-même lié à la présence dans le monde d’une énorme masse de capitaux disponibles à la recherche du profit maximum…

http://www.observatorioinmobiliario.es/Blog/index.php/tribuna-de-opinion/la-informacion-asimetrica-en-el-sector-inmobiliario-espanol-3-el-dinero-del-auge/

http://propolis-colmena.blogspot.com/2010/06/deuda-publica-vs-deuda-privada.html

P. Rubalcaba a raison, autant aller se coucher…

 

Voici le texte voté par le parlement (et ses dispositions additionnelles) réformant l’article 135 de la constitution espagnole et à la suite l’article tel qu’il était depuis 1978. On peut constater que la Constitution oblige non plus le Gouvernement mais l’Etat et les régions à respecter une notion d’équilibre qui n’existait pas dans la Constitution antérieure.

Artículo 135

1. Todas las Administraciones Públicas adecuarán sus actuaciones al principio de estabilidad presupuestaria.

2. El Estado y las Comunidades Autónomas no podrán incurrir en un déficit estructural que supere los márgenes establecidos, en su caso, por la Unión Europea para sus Estados Miembros. Una Ley Orgánica fijará el déficit estructural máximo permitido al Estado y a las Comunidades Autónomas, en relación con su producto interior bruto. Las Entidades Locales deberán presentar equilibrio presupuestario.

3. El Estado y las Comunidades Autónomas habrán de estar autorizados por Ley para emitir deuda pública o contraer crédito. Los créditos para satisfacer los intereses y el capital de la deuda pública de las Administraciones se entenderán siempre incluidos en el estado de gastos de sus presupuestos y su pago gozará de prioridad absoluta. Estos créditos no podrán ser objeto de enmienda o modificación, mientras se ajusten a las condiciones de la Ley de emisión. El volumen de deuda pública del conjunto de las Administraciones Públicas en relación al producto interior bruto del Estado no podrá superar el valor de referencia establecido en el Tratado de Funcionamiento de la Unión Europea.

4. Los límites de déficit estructural y de volumen de deuda pública sólo podrán superarse en caso de catástrofes naturales, recesión económica o situaciones de emergencia extraordinaria que escapen al control del Estado y perjudiquen considerablemente la situación financiera o la sostenibilidad económica o social del Estado, apreciadas por la mayoría absoluta de los miembros del Congreso de los Diputados.

5. Una Ley Orgánica desarrollará los principios a que se refiere este artículo, así como la participación, en los procedimientos respectivos, de los órganos de coordinación institucional entre las Administraciones Públicas en materia de política fiscal y financiera. En todo caso, regulará: a) La distribución de los límites de déficit y de deuda entre las distintas Administraciones Públicas, los supuestos excepcionales de superación de los mismos y la forma y plazo de corrección de las desviaciones que sobre uno y otro pudieran producirse. b) La metodología y el procedimiento para el cálculo del déficit estructural. c) La responsabilidad de cada Administración Pública en caso de incumplimiento de los objetivos de estabilidad presupuestaria.

6. Las Comunidades Autónomas, de acuerdo con sus respectivos Estatutos y dentro de los límites a que se refiere este artículo, adoptarán las disposiciones que procedan para la aplicación efectiva del principio de estabilidad en sus normas y decisiones presupuestarias.

 

Texte de 1978

Art. 135: 1. El Gobierno habrá de estar autorizado por ley para emitir Deuda Pública.

2. Los Créditos para satisfacer el pago de intereses y capital de la Deuda Pública del estado se entenderán siempre incluidos en el estado de gastos de los presupuestos y no podrán ser objeto de enmienda o modificación, mientras se ajusten a las condiciones de la ley de emisión.

Pour terminer, cette dernière petite nouvelle, lue dans El País, qui concerne Guadalix de la Sierra où furent tournées quelques scènes de ‘Bienvenido Mister Marshall’. Non sans lien avec la crise, avec la dette et avec le film de JL Berlanga.

Il s’agit pour le Maire de cette petite commune du nord de Madrid d’interdire les rassemblements sur la voie publique… une belle langue de béton.

http://www.sermadridnorte.com/multimedia/2011/08/audio/noticias_18997_19023.mp3

Pourquoi cet édit municipal (56 pages)? Pour empêcher toute manifestation locale des indignés espagnols,

C’est ce que suppose l’un des opposants (de l’extrême gauche locale).

http://www.sermadridnorte.com/multimedia/2011/08/audio/noticias_18997_19022.mp3

 

 

 

 

 

Récupérations 2

Torcuato Fernández Miranda (1915-1980) fut un brillant professeur de droit politique, pilier intellectuel de la fraction catholique du régime franquiste.

 

 

 

Il avait été le directeur des enseignements supérieurs au milieu des années cinquante, sous les ordres directs du Ministre de l’Education Joaquín Ruíz Jiménez et, vingt ans plus tard, Président des Cortes espagnoles, poste à partir duquel il pilota les manœuvres institutionnelles de réforme de la dictature avec le soutien du roi.

Il y a une cinquantaine d’années, alors qu’il n’avait pas encore été nommé Ministro Secretario General del Movimiento, autrement dit chef du parti unique franquiste, fonction qu’il exercera entre 1969 et 1974 avant que ne lui succède à ce poste, un an plus tard, un certain Adolfo Suárez, il publia un petit ouvrage didactique à l’usage des organisations de jeunesses de la Phalange. Il s’agissait d’expliquer à ces jeunes esprits les fondements doctrinaires du régime. Il s’agit d’un ouvrage didactique, un manuel de classe d’un style un peu particulier, appartenant à une collection (La Biblioteca de Educación Política) dans laquelle on retrouve d’autres signatures de d’intellectuels falangistes telles que le romancier Gonzalo Torrente Ballester, l’inévitable Manuel Fraga Iribarne, le cousin de Ramón Gómez de la Serna, Gaspar, et d’autres.

Je ne m’attarderai pas sur le contenu de cet ouvrage qui justifie d’un point de vue philosophique, juridique et oplitique la primauté de l’ordre sur la liberté.  Je m’attarderai sur une photographie présente page 31 de cet ouvrage qui présente un homme au visage souriant, vêtu d’un ciré sombre fixant l’horizon les deux mains posées sur la barre d’un bateau.

La légende de cette photo illustre le propos de notre auteur:

Así como la nave no llegaría a puerto si no fuera dirigida por el piloto, así la sociedad no subsistiría si alguien dotado de autoridad y poder no la ordenara al bien común.

Cette vielle image politique de la nation-vaisseau engagée sur des mers dangereuses est aussi vieille que la pensée politique…

Même Virgile en usa abondamment dans le Chant 1 de l’Eneïde, un bon et audacieux chef ne suffit quelquefois pas à affronter les terribles tempêtes de l’histoire.

Oronte, Chef hardi des adroits Lyciens,

Du plus haut de sa poupe encourageait les siens ;

D’un front audacieux il brave la tempête ;

Le flot qui s’en émut, s’élève sur sa tête,

Crève, et tombe sur lui, montre un abîme ouvert ;

La nef tourne trois fois, disparaît, et se perd.

 

D’où la surabondance d’images de l’Espagne en Titanic que ne renierait pas le plus réactionnaire des penseurs politiques espagnols du XIXè siècle, Juan Donoso Cortés.

 

Quelle solution reste-t-il donc au Capitaine d’un navire en perdition?

 

 

 

Gérer le temps. Maîtriser l’agenda… Il ne lui reste que ça. L’opération est gérée de la façon suivante.

Le 18 juillet El País publie un éditorial qui doit montrer que Zapatero doit partir dès que possible « pour rendre un dernier service a son pays ». Cet éditorial ressemble assez à un pronunciamiento d’une fraction du PSOE, qui sous les apparences d’une critique sévère, veut « cortar por lo sano », faire jouer à Z le rôle qu’il accepte de toutes façons d’endosser: celui de fusible. la date suggérée par l’éditorial est vague (fin novembre) et finalement, R Zapatero annonce des élections pour le 20 novembre 2011 tout en continuant à traiter de la crise en termes euphoriques: « La economía esta en via de recuperación, etc ».

http://www.youtube.com/watch?v=Q7YS1_R_cOE

La date du 20 novembre répond aux impératifs constitutionnels (dissolution le 27 septembre et élections dans un délai inférieur à deux mois), mais présente une anomalie curieuse, elle est la date anniversaire de la mort de Franco (1975) et de celle de José Antonio Primo de Rivera (1936), journée que les incurables du régime utilisent pour célébrer leurs nostalgies.

Zapatero a beau faire savoir que cette date « ne représente rien pour lui », il sait qu’elle pourrait rendre plus difficile un recentrage du discours de la droite par le parasitage des discours ultras ce même jour. C’est ce que semble penser l’éditorialiste d’El Economista (29 juillet) qui affirme:

 Muchos votantes quizá, hartos de la política, podrían salir a votar con la excusa del día elegido. Evitar un giro a la derecha en España sería un motivo más que justificado.

Dans la presse de droite on soupçonne le piège tendu. Résumons: les républicains (les rouges) ont fait exprès de fusiller JA Primo de Rivera un 20 novembre, Franco a fait exprès de mourir un 20 novembre aussi, Zapatero a fait exprès de convoquer des élections ce même jour…

http://www.antonioburgos.com/abc/2011/07/re073011.html

Ca finit par nous rappeler 68 et l’un des slogans célèbres de l’époque: « Elections, piège à c… ». Et tous ces jeunes gens qui, partout en Europe, se révoltaient contre ce pays voisin où l’on fusillait encore au début des années soixante-dix, lire « Rue Froide »:

http://sylblogblogspotcom.blogspot.com/

Récupérations 1

Il est assez curieux de voir comment aussi bien le vocabulaire que les actes à caractère symbolique tels que le choix des dates opéré par le gouvernent sortant pour les prochaines élections parlementaires espagnoles  demeurent mystérieusement impénétrables.

Le vocabulaire employé par les gouvernants (relayé avec complaisance par la presse et les médias espagnols) ou les politiciens en passe de le devenir demeure encore le plus compréhensible, ainsi en est-il de l’usage du terme « recuperación ». Il a atteint un degré de polysémie extraordinaire, balayant tous les espaces sociétaux, de telle façon qu’on parlera aussi bien de « recuperacion de la memoria » pour brouiller les pistes autour de ce vaste champ peuplé de cadavres que fut la guerre civile et l’après-guerre que de « recuperación de la economía » pour éviter de parler de crise financière et sociale. Dans ce dernier domaine (nous parlerons de l’autre dans un prochain billet), ces contorsions donnent les titres de presse suivants:

« La recuperación de la economía espanola flaquea » (El País, 5 aout 2011), ce que l’on pourrait traduire par une version aussi hypocrite: « Le redressement de l’économie espagnole faiblit » ou par une traduction plus proche du vrai mais plus loin de la littéralité: « L’économie espagnole s’enfonce dans la crise » …

Plus tordu: « La esperanza en la recuperación de la economía española llega de fuera » (La Gaceta, 8 août 2011), difficile à traduire en version littérale, à cause de ce présent absolu qui donne toute son ambigüité au titre, mais parfaitement clair si on le traduit ainsi: « Le redressement de l’économie espagnole ne dépend pas de nous ».

Les titres peuvent aussi avoir une fonction masquante, en voici un exemple:

Titre: »La recuperación de la economía se frena en seco por la falta de consumo e inversión » (Cincodías.com, 6 août 2011). Traduire par: « Le redressement de l’économie est sèchement freiné par l’absence de consommation et d’investissement ». Ceci suppose qu’il y ait eu début de redressement (cette hypothèse est celle qui sous-tend tout le discours sur la crise en Espagne -et ailleurs-) alors que la crise se poursuit de plus belle. Mais il faut prouver à tout prix que les politiques publiques ont eu un effet positif, alors qu’en réalité en n’en n’ont eu aucun sinon sur les gains des banques.

Un bel article prédictif de janvier 2009 employait déjà le terme « recuperación », il peut prêter à rire aujourd’hui:

« La recuperación de la economía española será en 2011«  (Le redressement de l’économie espagnole aura lieu en 2011)

Mais que l’on ne s’y trompe pas, notre inamovible chef du gouvernement à nous n’avait-il pas déclaré la même chose à la même époque comme beaucoup d’autres?

C’est ce que rappelle judicieusement le 12 juillet dernier un commentateur anonyme du Blog de Wendy:

http://www.wendy-leblog.com/2011/07/la-crise-europeenne-dont-personne-ne.html

* Natixis Cette crise financière est fini. (7 Mai 2008)
* Christian Noyer (gouverneur de la Banque de France) le pire de la crise est passé en zone euro (23 Juin 2009)
* Marc Touati (économiste) « on a enfin pris le taureau par les cornes » 10 Mai 2010)
* Alain Minc (économiste) « cette crise monétaire est psychologique » (7 Mai 2010) « Une crise essentiellement psychologique » (6 Octobre 2010)
* François Fillon (Premier Ministre «Le pire de la crise est derrière nous (…). Nous sommes sur le chemin de la reprise économique» (10
Septembre 2010)
* Georges Papaconstantinou (ministre grec des finances) « Le pire est derrière nous » 25 Mars 2011
* Dominique Strauss Kahn alias DSK « Le pire est derrière nous » (15 Mai 2008)
* Christine Lagarde (directrice du FMI) Crise de la dette : «Le pire est derrière nous !» (31 Janvier 2011)

* Carlos Ghosn (président de Renault) «Le pire est derrière nous» (9 Septembre 2009) »

Dans le prochain billet nous essaierons de répondre à la question suivante: pourquoi le chef du gouvernement espagnol a-t-il choisi comme date des nouvelles élections parlementaires celle du 20 novembre?

Avis de grand frais sur zone?

Les mots de Sol

Après la fin de l’occupation de la place de la Puerta del Sol et le développement d’actions plus mobiles et sporadiques (blocage des parlements régionaux ou des assemblées communales pendant que les négociations pour la constitution des nouveaux exécutifs de ces assemblées sont en cours), il est intéressant de se pencher sur quelques-uns des slogans qui portaient ce mouvement exceptionnel.

Celui de l’adieu à Sol:

Ensuite, j’ai vu un autre, très énigmatique, photographié et diffusé par El País, une pancarte sur fond jaune d’un manifestant devant la Mairie de Madrid  :

« Hay yuntamiento« 

Cette fantaisie orthographique d’un surréalisme achevé est caractéristique de la capacité d’invention de certains.

On trouvait les exhortations les plus classiques: « Si Madrid salió a la calle por un mundial… ¿cómo no hacerlo por nuestro futuro? » , millénaristes:  » ¡Reacciona!/ Todos somos culpables / Por un mercado regulado/ No te dejes estafar« , tendres: « Me gustas democracia, pero estás como ausente« , généreuse et modeste: « Puede que no entendamos de economía, pero sí entendemos de personas y las personas vamos primero« , humoristique « Si viene la policía, sacad las uvas y disimulad« , catholique et pessimiste: « Todos los caminos llevan a Islandia« .

Quelquefois les slogans touchaient au coeur des questions soulevées:

Certaines faisaient référence aux technologies nouvelles employées pour créer le rassemblement : « Error 404, Democracy not found« ,

à la question de la paupérisation:

1) pleine de finesse: « Nos sobra mes a final de sueldo« ,

2) plus brutale « Con el euro nos la metieron« 

Et, bien sûr,  à celle de la corruption envisagée sous un angle agroalimentaire:
 "España, paraíso del político corrupto, n° 1 en chorizos".

Mais le slogan qui restera dans l’histoire, qui a fait le tour du monde à partir du « Kilómetro Cero » (pour ceux qui ne le savent pas, le décompte kilométrique des routes espagnoles commence au centre de cette place de la Puerta del Sol):

« Nuestros sueños no caben en vuestras urnas« .

Jorge Semprun

Comment dire?

La mort de Jorge Semprún remet encore une fois l’Espagne au devant de la scène médiatique.

Il nous faut don laisser momentanément de côté  la crise financière, la crise immobilière, la crise politique, la crise alimentaire pour opérer un retour vers cette personnalité qui a traversé le XXème siècle espagnol.

Il me sera difficile de départager ici les considérations personnelles d’un contenu plus général. Pour des raisons que je n’exposerai pas, mais que certains pourront déduire.

Je pourrais dire simplement que j’ai appris la mort de Jorge Semprún hier soir alors que je m’apprêtais à terminer la lecture du best seller de Muriel Barbery, « L’élégance du hérisson ». Lecture pénible, mais tel n’est pas mon propos. Vous me direz qu’entre ce petit roman entrelardé de dissertations brillantes rédigées sur le modèle des devoirs surveillés d’une année de terminale et la vie de Jorge Semprún, le rapport n’est pas évident. Pourtant, il y en a un. Page 337 de l’édition de poche de « L’élégance… », madame Michel, la concierge érudite de ce roman, propose une tasse de thé à Paloma, la cadette des Josse et, en la lui servant, pense de cette fillette révoltée: « Une vraie princesse chez les cadres du parti », sans autre commentaire.

Autre détail, la sœur cadette des Josse s’appelle Colombe et la cadette, Paloma. Curieux. Aussi curieux que le nom de la chatte de la famille Josse: Constitution.

Un vrai prince chez les cadres du parti…
Oui, c’est une bonne définition du Jorge Semprún alias Federico Sánchez.

Ses origines aristocratiques, son lien familial avec les élites du début de siècle et son passage « avec armes et bagages » chez les communistes entre sa libération de Buchenwald en 1945 et 1964 correspondent à cette définition.

Il ne fut pas le seul, son frère cadet, Carlos Semprún Maura, Manuel Azcárate, Nicolás Sartorius partagent avec lui cette particularité. Ce lien donnait au communisme espagnol une dimension qu’il n’avait pas eu jusqu’alors, une bizarrerie qui devrait être étudiée non pas à partir de trajets personnels mais plutôt à partir de critères de choix esthétiques et philosophiques, en suivant cette remarque de Paul Aubert: « Etre un intellectuel, ce n’est pas un métier, mais une attitude qui répond à une situation. »[1]

On peut dire que les différents actes de la vie de Jorge Semprún se définissent comme des ruptures d’attitude rythmées par le surgissement de situations nouvelles. Si on écoute bien Carlos Semprún Maura dans l’un des derniers entretiens qu’il a accordé en 2009, cette vision d’une vie faite de ruptures intellectuelles illustre parfaitement comment le lien personnel (amours et haines) peut tout dominer.

http://www.youtube.com/watch?gl=FR&v=EemiyGqFg78

Les deux grandes ruptures vécues par Jorge Semprún furent sa déportation à Buchenwald et sa rupture avec le communisme. Les deux ont servi d’aliment à son écriture fictionnelle.

La première était fédératrice de bons sentiments -républicain espagnol, déporté, communiste-. Elle créait une sorte de fraternité entre ces 8 ou 9000 espagnols qui vécurent la même chose.

La deuxième était emplie de haine intellectuelle envers l’inculture, la suffisance des dirigeants communistes qu’il avait côtoyés. Il commença à écrire son premier roman (en français), Le Grand Voyage, à Madrid, alors qu’il était envoyé clandestin du PCE, et qu’il était hébergé dans l’une des caches du parti, chez María et Manuel Azaustre, un autre communiste qui tentait, avec ses propres mots, de raconte ses années de déportation à Mauthausen.

http://www.youtube.com/watch?v=7_QmLezLoy8&NR=1

La sortie du PCE de Jorge Semprún n’est peut-être pas véritablement fondée sur des critères stratégiques et idéologiques.
Le vrai débat verra s’affronter Santiago Carrillo, révolutionnaire professionnel, formé très jeune au combat syndical et politique au sein de l’UGT et des Jeunesses Socialistes Espagnoles dans les années 20 et Fernando Claudín, étudiant en architecture devenu communiste avant la guerre civile. Ce dernier portera le débat sur la stratégie et les perspectives à l’intérieur de l’appareil du PCE à son  niveau le plus haut jusqu’à la rupture de 1964. Jorge Semprún adhérait aux critiques de Claudín mais il n’en fut pas le protagoniste principal, loin de là.

Il n’en reste pas moins, qu’au milieu des flots de louanges qui ne manqueront pas d’être versés, subsiste le doute d’une vie reconstruite par le récit, d’un discours sur soi qui fut toujours remis en question. J’en veux pour preuve le roman Caza de Rojos de José Luís Losa, publié en 2005, qui revisite avec une efficacité fascinante ces années pendant lesquelles Jorge Semprún s’appelait Federico Sánchez.

http://ccec.revues.org/index1423.html

 


[1] Paul Aubert, La frustration de l’intellectuel libéral,  Espagne, 1898-1939, Editions Sulliver, 2010.

La crisis del pepino, a ver si nos importa un comino

 

Cette affaire de santé alimentaire autour de la bactérie escherichia coli ne prête pas à sourire, loin de là. Nul ne sait aujourd’hui si elle va s’étendre, toucher la majorité des pays européens et entraîner à la fois un état d’urgence sanitaire et une tension dans les relations commerciales entre pays de l’Union Européenne en matière de produits agricoles.

 

Le espagnols considèrent que les accusations allemandes contre leur production de concombre sont sans fondement. Il semble qu’ils avaient raison.

 

Et puis je me suis demandé pourquoi on a pu lire dans la presse espagnole des affirmations de ce genre:

 

‘El gazpacho sin pepino es… imposible’

 

Ce n’est pas vraiment vérifié. Par exemple, dans un recueil de recettes promu par le Patronato de turismo de la Costa del Sol on ne trouve qu’une seule recette sur 55 dans laquelle apparaît du concombre (Mejillones en pipirrana).

 

http://www.visitacostadelsol.com/content/view/355/180/

 

Dans les recettes historiques, on n’en trouve pas grande trace.

 

J’ai consulté El libro de los guisados de Ruperto de Nola (Edition de 1529), El Libro de Arte de Cozina de Domingo Hernández de Maceras (Edition de 1607), El Arte de Cocina de Francisco Martínez (Montiño) dans son édition de 1617 revue en 1763. Ce n’est que dans El Nuevo Arte de Cocina de Juan Altamiras (édition de 1767) que je trouve une recette de concombre farci (pepino relleno), une seule, que je vous livre bien volontiers.

 

 

 

 

 

 

 

On peut donc en conclure que le concombre n’entre vraiment pas dans les coutumes gastronomiques et  alimentaires espagnoles.

 

Pourtant, quand on consulte le site infoagro.com, les chiffres de production proposés (2002) placent l’Espagne en dixième position en matière de production de pepinos (concombres) et de pepinillos (cornichons), avec 450 000 tonnes, loin derrière la Chine (22 924 218 tonnes).

 

http://www.infoagro.com/hortalizas/pepino.htm

 

Il s’agit donc d’une production destinée pour l’essentiel à l’exportation et principalement vers l’Allemagne (142 772 tonnes en 2010).

 

 

Il s’agit donc d’une crise complexe où les visions de complot international fleurissent: la France, principal et plus proche concurrent…, la Russie, gros producteur…, l’Allemagne enfin qui serait en train de livrer une sourde bataille contre les pays du sud de l’Europe et qui fait de plus en plus cavalier seul: … un país que está pensando más en hacerse global por sí mismo que en contribuir a una Europa fuerte, c’est ce que l’on peut lire sur le Net (ici je cite le blog Maremagnum de quisicosillas de Estebán Hernández),

 

Ma théorie est différente. Il s’agit d’un véritable complot politique. Dans un billet précédent je vous parlais d’un Ministre « des affaires délicates » parti vendre des biens immobiliers espagnols à travers l’Europe, il s’agit du Ministre du Développement, José Blanco López.

Pourquoi? Parce que dans sa Galice natale, il est connu sous le gentil diminutif de José: Pepiño… et que ceux qui se livrent à des attaques perfides contre sa personne n’omettent jamais de le lui rappeler.

 

 

 

http://jesaal.wordpress.com/2010/09/08/pepino-el-obrero-socialista/

 

Vous en penserez ce que vous voudrez, mais avouez que c’est troublant.